Publié le 04 décembre 2018
ÉNERGIE
Carburant : Le gouvernement cède, les gilets jaunes ont eu la peau de la taxe carbone
Le Premier ministre va annoncer un moratoire sur la hausse des taxes sur les carburants, a appris l'AFP mardi de sources gouvernementales, un geste réclamé de toutes parts pour tenter de sortir de la crise des "gilets jaunes" mais déjà qualifié d'insuffisant.

@PhilippeHuguen/AFP
Édouard Philippe va annoncer cette mesure d'apaisement, décidée lundi soir 3 décembre à l'Élysée lors d'une réunion de crise présidée par Emmanuel Macron. Cette suspension de plusieurs mois doit être assortie d'autres mesures d'apaisement. Des syndicats comme la CFDT ou FO, mais aussi des députés LREM, poussent notamment pour une prime transport, sous des formes diverses.
Matignon a par ailleurs confirmé l'annulation sans surprise de la réunion avec des "gilets jaunes" prévue mardi après-midi. Le nouveau délégué général de La République en marche Stanislas Guerini a estimé qu'un moratoire, souvent prélude dans le passé d'un abandon pur et simple, était nécessaire pour "apaiser le pays", encore sous le choc des graves violences samedi dernier, notamment à Paris.
Des États généraux de la fiscalité
"Cette pause commençait à s'imposer", a estimé Matthieu Orphelin, député LREM proche de l'ancien ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot. Mais, en attendant l'annonce des autres mesures, l'opposition et des représentants des "gilets jaunes" ont qualifié ce moratoire d'insuffisant et trop tardif.
Benjamin Cauchy, une des figures du mouvement, a salué une "première étape". Mais "les Français ne veulent pas des miettes, ils veulent la baguette au complet", a-t-il déclaré à l'AFP en réclamant des "états généraux de la fiscalité", "une nouvelle répartition des richesses en France" et l'instauration de "référendums réguliers sur les grands enjeux sociétaux".
Le moratoire est "une cacahuète", a estimé pour sa part Laetitia Dewall, porte-parole des "gilets jaunes" du Val-d'Oise. "Les Français demandent une annulation", a jugé le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau. "Si ça se limite à cela, (c'est) trop tard, trop peu", a déclaré la présidente du RN Marine Le Pen à l'AFP. "Mieux vaut tard que jamais" mais il faut aussi un coup de pouce au Smic, a réagi Ségolène Royal, ancienne ministre socialiste de l'Écologie.
La Rédaction avec AFP