Publié le 16 mai 2018
ÉNERGIE
Apple, Alcoa et Rio Tinto vont produire de "l'aluminium vert" sans émission de CO2
Le secteur de la métallurgie sans émission de CO2, presque une utopie. Pourtant, Rio Tinto et Alcoa vont bâtir au Canada une usine qui produira de l’aluminium avec pour seul rejet gazeux de l’oxygène. Au rang des investisseurs, on retrouve Apple désireux d’intégrer ce métal vert dans ses produits.
@Alcoa
558 millions de dollars canadiens (367 millions d'euros), telle est la somme investie pour révolutionner le secteur de la métallurgie. La première usine d'aluminium au monde n'émettant aucun gaz à effet de serre va être construite au Québec par le métallurgiste Alcoa et le géant minier Rio Tinto. Le Canada et Apple vont participer à son financement.
Pour le Premier ministre canadien Justin Trudeau, "il s’agit de l’innovation la plus importante dans l’industrie de l’aluminium depuis plus de 100 ans, et d'une étape décisive dans la lutte contre le changement climatique". Dans un processus traditionnel de fusion, l’électrode des fours est en carbone. En se dégradant et en se combinant avec l’oxygène, elle est à l’origine de massifs rejets de CO2. Il faut compter une tonne et demie de CO2 pour produire une tonne d’aluminium.
Plus vert et plus économique
Ici, le carbone de l’électrode est remplacé par une céramique. Cette innovation permet, d’une part, de n’émettre que de l’oxygène pur. D’autre part, l’électrode a une durée de vie de plusieurs années, contre quelques semaines pour son pendant en carbone. Le gain en matériel de remplacement et en productivité permet de produire un aluminium 15 % moins cher.
"Ce procédé s’ajoute à l’importante contribution de l’industrie de l’aluminium au progrès humain, en permettant de fabriquer des produits recyclables à l’infini, plus solides, plus légers et plus économes en énergie", n’hésite pas à déclarer, non sans emphase, Jean-Sébastien Jacques, Directeur général de Rio Tinto. "Cette innovation a la possibilité d’améliorer notre industrie en réduisant l’empreinte carbone dans un éventail de produits, des automobiles jusqu’aux produits électroniques grand public", ajoute Roy Harvey, PDG d’Alcoa.
Apple au rang des investisseurs
C’est d’ailleurs dans ce but qu’Apple s’est joint à l’aventure en investissant 13 millions de dollars, pour utiliser cet aluminium propre dans les coques métalliques de ses iPhones, iPads et portables. "La société Apple s’engage à faire avancer les technologies qui sont bonnes pour la planète et qui contribuent à la protéger pour les générations à venir. Nous (…) attendons avec impatience le jour où nous pourrons utiliser de l’aluminium produit sans émissions directes de gaz à effet de serre dans la fabrication de nos produits", s’enthousiasme Tim Cook, PDG de la marque à la pomme.
L’usine, exploitée par Elysis, une coentreprise entre Alcoa et Rio Tinto, entrera en service en 2024. À partir de cette même date, la nouvelle technologie, mise au point et brevetée par Alcoa, sera vendue sous licence pour la mise à niveau des usines de fusion existantes ou pour la conception et construction de nouvelles installations.
Le géant minier anglo-australien Rio Tinto n’en est pas à son coup d’essai dans le verdissement de ses activités. Fin mars, le leader mondial de la mine avait annoncé la vente de son dernier actif charbon. Ce virage stratégique "permet de créer énormément de valeur pour nos actionnaires et de renforcer notre portefeuille", avait alors souligné le directeur général de Rio Tinto, Jean-Sébastien Jacques.
Ludovic Dupin @LudovicDupin