Publié le 25 février 2022
ÉNERGIE
Avec le phénomène des vélotaffeurs, les entreprises se mettent dans la course à la mobilité durable
Si 63 % des Français utilisent toujours la voiture pour se déplacer au quotidien, d’après la dernière enquête de l’Insee, depuis 2020, année de confinements et mesures de restrictions dus à la crise sanitaire, le nombre de cyclistes a augmenté de 40 %. Certaines entreprises proposent à leurs salariés des vélos de fonction pour réaliser les trajets domicile-travail, sans pour autant inclure ce service dans un forfait mobilités durables, dispositif qui peine à démarrer.

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On les appelle les vélotaffeurs. Ces Français qui parcourent chaque jour la distance entre le domicile et le lieu de travail à vélo. Comme Pascal Palet, résidant à Niort et employé à la Macif, roulant une dizaine de kilomètres par jour à vélo, toute l’année. Les avantages sont nombreux selon lui : "Je ne pollue pas, j’évite les embouteillages donc je suis moins stressé et je fais du sport". Si le Niortais utilise son vélo personnel, en novembre 2021, l’étude de Diffusis France a révélé que 69 % des salariés interrogés aimeraient bénéficier d’un vélo de fonction. Saint-Gobain, géant des matériaux de construction, a sauté le pas en 2021 en signant un contrat avec Zenride, start-up de location de vélos à destination des entreprises.
Une flotte de vélos, classiques, électriques, cargos, est ainsi proposée contre une participation à hauteur de 30 % (environ 10-20 euros par mois selon le choix du vélo) à 4 000 salariés pour cette première année : 2 000 personnes au siège à La Défense et dans les sites industriels sur le territoire. A l’usine Placo à Chambéry, en juillet 2021, "50 personnes sur 160 avaient souscrit à l’offre, soit plus de 30 %", relate Bénédicte Debusschere, adjointe à la directrice de l’influence de Saint Gobain. L’objectif en 2022 est de proposer ce service aux 40 000 salariés du groupe. "Nous avons pris des engagements en tant qu’entreprise de réductions d’émissions, qui visent aussi à faire baisser celles de nos collaborateurs", explique-t-elle.
Vélo de fonction ou de service
La PME Thermo’lease dédiée à la transition énergétique des bâtiments, a, elle, opté pour des vélos de service pris en charge à 100 % par l’employeur. Contrairement aux vélos de fonction, les bicyclettes doivent être utilisées uniquement pour les trajets domicile-entreprise ou pour les déplacements pendant la journée de travail, mais pas en dehors. Depuis juillet 2020, environ une quarantaine de salariés se partage 5 vélos électriques. "À la sortie du premier confinement, nous avons souhaité faire ce premier test en proposant ces vélos de service, voir qu’elle était la motivation pour ce mode de transport, raconte Emmanuel Roth, le directeur général. Cela a pris assez vite".
Si le directeur aimerait aller plus loin dans la transition de l’entreprise vers les mobilités douces, il constate cependant que les trajets à vélo sont "intéressants pour se rendre à Paris ou de banlieue à banlieue quand il y a peu des transports en commun et des embouteillages". Mais pour réaliser certaines activités de l'entreprise, comme transporter du matériel sur des chantiers dans toute l’Ile-de-France, "il est difficile de faire sans voitures".
Depuis mai 2020, le forfait mobilités durables permet aussi aux salariés de se rendre au travail au moyen de transports moins polluants : outre le vélo, les trajets en trottinettes, scooters électriques, ou encore le covoiturage peuvent ainsi être remboursés par l’employeur. Encore faut-il que les entreprises le proposent… Si Saint Gobain affirme que le dispositif "a vocation à être déployé dans certaines entités du groupe", d’après l’enquête "Le CAC 40 à vélo : des bons et des (très) mauvais élèves !" menée par le député de Maine-et-Loire Matthieu Orphelin, seules 39 % des entreprises du CAC40 ont mis en place ce forfait. "Des résultats encore trop timides qui confirment que le CAC40 est loin d'être passé au vert sur ce sujet des mobilités", regrette le député.
Marion Chastain @MarionChastain