Publié le 18 février 2020
Après avoir voulu fusionner avec Siemens, Alstom vient de signer un protocole d’accord pour racheter Bombardier Transport et ainsi devenir le numéro 2 mondial du train. Si son PDG, Henri Poupart-Lagarde, vante un moyen de devenir un champion de la mobilité durable, les syndicats craignent des suppressions de postes. Surtout, la Commission européenne pourrait faire dérailler le projet en dénonçant une situation de monopole.

La création d’un géant du rail pour booster la mobilité durable


C’est un moment "historique" selon les mots du PDG d’Alstom, Henri Poupart-Lagarde. Le constructeur ferroviaire français vient en effet de signer un protocole d’accord pour racheter Bombardier Transport, la branche ferroviaire du conglomérat canadien. La facture, qui doit atteindre six milliards d’euros, va permettre de créer un géant mondial du train. "Cette acquisition renforcera (…) notre capacité à répondre à la demande toujours plus importante de solutions de mobilité durable", a commenté le PDG d'Alstom qui met en avant la bonne croissance du ferroviaire en Europe. Des chiffres qui "vont être amplifiés via le Green deal", croit-il sur les ondes de France Inter. Les deux entreprises travaillent déjà sur des gros chantiers comme celui du renouvellement des métros à Paris et le changement de 410 rames au total.

Une fusion qui pourrait dérailler au nom de la concurrence


Avec un chiffre d'affaires cumulé de plus de 15 milliards d'euros et un carnet de commandes dépassant les 75 milliards, un mariage Alstom-Bombardier doit créer un groupe puissant pour affronter le mastodonte chinois CRRC. Les ventes de ce dernier dépassaient 28 milliards d'euros en 2018. Mais Alstom doit encore recevoir l’approbation de la Commission européenne. Or, en février 2019, cette dernière a bloqué la fusion Siemens-Alstom estimant qu’elle générerait une position trop dominante en Europe dans la signalisation ferroviaire et les trains à grande vitesse. Si le PDG d’Alstom s’est dit confiant, la vice-présidente de la Commission, Margrete Vestager a indiqué qu’elle ne voulait pas de champions industriels "chouchoutés par l’Europe". Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire s’est entretenu avec elle ce 18 février dans la matinée.


Un risque social non négligeable


C’est une crainte très forte chez les syndicats. Le rachat de Bombardier Transport par Alstom va-t-il menacer les emplois des usines en France ? "Il n'y a pas du tout d'idée de restructurations ou de menace sur l'emploi dans cette acquisition, bien au contraire", a assuré Henri Poupart-Lafarge à des journalistes. "Ce n'est pas une fusion défensive dans laquelle nous essaierions de gagner des synergies de coûts par des restructurations, c'est une fusion offensive dans un marché en croissance", a-t-il souligné. Un argument qui ne rassure pas les syndicats qui craignent des doublons et de possibles suppressions de postes. Comme l’indique France Bleu, à Valenciennes par exemple, deux usines Alstom et Bombardier fabriquent le même produit, du matériel roulant. "Après une fusion ou un rachat, on redoute forcément une restructuration. Et ça passe forcément par des réductions d’effectifs", indique à la radio Gilles Buhler, délégué CFDT à l’usine Alstom d’Ornans. 
Marina Fabre, @fabre_marina avec AFP

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