Publié le 23 mai 2017
ÉNERGIE
Société Générale et BNP interpellées sur leur soutien au gaz de schiste
Les Assemblées générales des deux banques françaises, qui se tiennent ce mardi 23 mai, vont être quelque peu chahutées. Des représentants amérindiens ont traversé l’Atlantique pour venir défendre leur cause. Soucieux de préserver leur environnement et leur santé, ils vont demander à la Société Générale et à BNP Paribas de ne plus soutenir les projets d’exportation de gaz naturel liquéfié prévus aux États-Unis, en particulier ceux de la Vallée du Rio Grande, dans le sud du Texas.

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"Nous refusons de voir nos terres volées et notre eau polluée. L'oppression des peuples amérindiens par les entreprises des énergies fossiles et leurs financeurs a assez duré", témoigne Juan Mancias, le chef de la tribu Esto'k Gna et président de la branche texane du Mouvement des Indiens d’Amérique. Ce mardi 23 mai, lors des assemblées générales de Société générale et BNP Paribas, il sera présent, au côté de l’ONG Les Amis de la Terre, pour demander aux banques françaises de mettre un terme à leurs mandats de conseil pour les projets de terminaux gaziers Texas LNG et Rio Grande LNG, dans le sud du Texas, aux États-Unis.
"Nous nous mobilisons déjà contre BNP Paribas pour son soutien au projet Texas LNG. Qu'une autre banque française se trouve derrière un projet qui menace nos emplois, notre santé et qui impliquera plus de fracturation hydraulique sur nos terres alors que cette technique est interdite en France est révoltant" déclare Rebekah Hinojosa de l'organisation Save RGV (Rio Grande Valley) from LNG (Liquefied Natural Gas), également présente lors des AG.
Des retombées sur la réputation
Dans le viseur de l’ONG et des peuples autochtones, le soutien des banques au déploiement d’infrastructures liées au gaz de schiste. Dès mars dernier, un rapport publié par Les Amis de la Terre France, Rainforest Action Network et Save RGV from LNG accusait BNP Paribas "d’exporter le chaos climatique". La banque française a été mandatée pour être le conseiller financier du projet de terminal Texas LNG, conçu pour exporter près de 17,5 millions de mètres cubes de gaz chaque jour.
Selon le rapport, ce projet menacerait l’économie, les emplois locaux et émettrait plus de 12 millions de tonnes de CO2 par an, soit l’équivalent de 3,5 centrales à charbon. Il aurait aussi "des retombées sur la réputation de la banque aux États-Unis où elle est présente via sa filiale Bank of the West", avaient alerté les associations.
La Société Générale impliquée dans 45 transactions
Mais Texas LNG n’est qu’un des soixante projets de terminaux d’exportation de gaz naturel liquéfié prévus aux États-Unis. Récemment, Société Générale (avec Macquarie Capital) a, pour sa part, pris le relais de Sumitomo Mitsui en tant que conseils de l'entreprise américaine NextDecade pour son projet de terminal d'exportation Rio Grande LNG, toujours dans le sud du Texas.
"La Société Générale a déjà participé à 45 transactions dans le secteur du LNG, y compris à tous les projets récents en Amérique du Nord. Elle doit au plus vite se retirer de Rio Grande LNG et de tout ce secteur afin d'éviter un scandale", assure Lucie Pinson, chargée de campagne Finance privée aux Amis de la Terre France. La banque a notamment été épinglée, avec d’autres établissements français, pour sa participation dans le très controversé projet de pipeline Dakota Access, une artère de 1 886 kilomètres entre le Dakota du Nord et l'Illinois.
Vers de meilleures pratiques
Contactée par Novethic, Société Générale assure qu’elle va mettre à profit les enseignements tirés du projet Dakota. Elle précise que le terminal Rio Grande LNG n’en est qu’à sa phase liminaire et que toutes les évaluations de due diligence seront menées à bien. Par ailleurs, elle explique être davantage dans une logique d’accompagnement de ses clients vers les meilleures pratiques plutôt que dans une politique de retrait immédiat. De son côté BNP Paribas ne souhaite pas faire de commentaires pour l'instant.
Depuis la COP21, les deux banques ont pris des engagements forts pour sortir du charbon. Mais les ONG attendent plus des deux sociétés. "Un retrait de BNP ou Société Générale (des projets de terminaux méthaniers) aurait un impact significatif car il peut permettre de retarder les chantiers et de mettre en lumière leurs risques afin de décourager d’autres banques susceptibles de prendre le relais" assure Lucie Pinson.
Concepcion Alvarez, @conce1