Publié le 25 février 2015

ÉNERGIE

Pétrole : Obama dit non au projet d'oléoduc Keystone XL. Mais...

Le président américain a décidé mardi 24 février de mettre son veto à la loi autorisant ce pipeline géant, censé transporter le pétrole des sables bitumineux depuis le Canada jusqu'au golfe du Mexique. C'est un revers pour les Républicains au Congrès américain qui avaient voté ce texte. Mais les opposants écologistes se gardent de crier victoire trop vite. Car ce dossier Keystone XL, ouvert depuis des années, est loin, bien loin, d'être terminé.

A Washington, des ecologistes ont manifesté devant la Maison-Blanche leur soutien à Barack Obama dans le dossier Keystone XL.
Fannie Rascle / Novethic

Une heure après l'annonce de la décision de Barack Obama, ils se sont retrouvés devant la Maison-Blanche. Une poignée de militants écologistes venus féliciter le président américain qui a décidé, mardi 24 février, de mettre son veto à la loi autorisant la construction du très controversé pipeline géant Keystone XL.

Ce "non" de Barack Obama, s'il n'est pas une surprise, consitue un signal fort très attendu par tous ceux qui s'opposent à ce projet. Mais il est loin de marquer la fin de la bataille. 

 

Keystone XL porte bien son nom

 

Ce projet pharaonique, dans les cartons depuis 2005, prévoit la construction d'un pipeline géant de 1 900 km pour un coût désormais estimé à 7,6 milliards de dollars.

Il permettrait d'exporter plus facilement du pétrole brut issu des sables bitumineux, en le transportant depuis la région canadienne de l'Alberta jusqu'au réseau de pipelines déjà existant aux Etats-Unis et qui converge vers les raffineries du Texas et le golfe du Mexique.

Avec Keystone XL, assure son promoteur TransCanada, 800 000 barils de pétrole pourraient être transportés quotidiennement, soit un peu moins de la moitié de la consommation française.

Pour les anti-Keystone, ce projet est une bombe à retardement. Depuis le départ, ils dénoncent la construction de ce pipeline qui va perturber l'équilibre des écosystèmes qu'il est censé traverser. Sans compter les risques de fuite de pétrole après sa mise en fonctionnement.

Mais depuis quelques mois, les écologistes ont recentré leurs arguments et pointent désormais surtout du doigt l'absurdité d'un projet qui entend tirer profit des sables bitumineux dont on sait qu'ils sont eux-mêmes de redoutables émetteurs de gaz à effet de serre.

Ces arguments, Barack Obama les a-t-il entendus? Difficile à dire, le président américain ne s'étant jamais prononcé à haute et intelligible voix sur ce projet. Avec son veto, le tout premier depuis qu'il a face à lui une majorité républicaine au Congrès, il a fait un premier geste. Un geste politique fort, sans aucun doute.

 

L'ambigüité de Barack Obama

 

Mais il ne faut pas s'y tromper: le président américain n'a pas opposé un "non" définitif à Keystone.

A travers ce veto, il s'est surtout élevé contre le fait que le Congrès le court-circuite et s'arroge le pouvoir d'accorder un permis de construire à ce projet transfrontalier.  

Mais sur le fond, c'est désormais au Département d'Etat de rendre une étude sur la question. A quelle date ? Impossible de le savoir.

Le porte-parole de la Maison-Blanche n'a pas exclu que Barack Obama finisse par dire "oui" à Keystone, s'il a la certitude que ce projet constitue bien un atout économique pour les Etats-Unis.

Les opposants à Keystone ne s'y trompent d'ailleurs pas et ne baissent pas la garde. "Il est temps pour le Président de montrer qu'il prend au sérieux son rôle dans la lutte contre le changement climatique, en rejetant ce pipeline une bonne fois pour toutes", plaide May Boeve, de l'organisation écologiste 350.org.

Du chanteur Neil Young à l'acteur Robert Redford en passant par l'activiste Naomi Klein, une centaine de personnalités viennent d'adresser une lettre ouverte à Barack Obama.

"La plupart des choix qui jalonnent une présidence arrivent par accident ou par chance. Mais ce choix-là est clairement entre vos mains", écrivent-ils.

Fannie Rascle
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