Publié le 25 janvier 2017
ÉNERGIE
Projets d'oléoducs : Trump passe en force
Le nouveau président américain a signé deux décrets pour relancer les chantiers-clés des oléoducs Keystone XL et Dakota Access, stoppés par Barack Obama. Le déblocage de ces dossiers constitue un revers considérable pour les défenseurs de l'environnement aux États-Unis. Des actions de protestation se préparent.

Nicholas Kamm / AFP
Une décision en forme de déclaration de guerre. Donald Trump a relancé mardi les projets de pipelines Keystone XL et Dakota Access. Quatre jours seulement après son investiture, le président américain a décidé d'agir vite. En signant des décrets présidentiels, il a même choisi de contourner ostensiblement le Congrès.
Surtout, il s’attaque à des dossiers énergétiques parmi les plus disputés et les plus emblématiques de ces dernières années. Pour les défenseurs de l'environnement, l'heure est à la résistance.
Keystone XL et Dakota Access, des symboles forts
Le pipeline Keystone XL, long de 1 900 km, doit permettre de relier le Canada au golfe du Mexique pour transporter et raffiner le pétrole brut extrait des sables bitumineux. Jugé "contraire aux intérêts des Américains", il avait été rejeté par Barack Obama juste avant le début de la COP21 à Paris, en 2015. Pendant sa campagne, Donald Trump avait dit l'approuver "à 100%".
Scénario similaire pour le Dakota Access. Cet oléoduc, du Dakota du Nord à l'Illinois, est quasiment achevé, à l'exception d'un tronçon sous la source d'eau d'une réserve sioux. En décembre, alors que Donald Trump était déjà élu, l'administration Obama avait tenté de bloquer ce projet, en promettant d'étudier des tracés alternatifs. Le candidat Trump a lui toujours défendu ce chantier, dans lequel son groupe a des intérêts via son promoteur Energy Transfer Partners (ETP).
Donald Trump promet 28 000 emplois
Le nouveau président a défendu Keystone XL et Dakota Access avec des arguments économiques. Les projets devront être renégociés pour que ne soit utilisé que de l'acier américain sur ces chantiers, alors que le plan initial du groupe TransCanada pour Keystone XL tablait sur 35% d'acier canadien. "Nous allons redonner du travail à de nombreux travailleurs. Nous construirons notre propre pipeline, comme au bon vieux temps", a lancé Donald Trump, en tablant sur 28 000 emplois créés.
Pour les défenseurs de l'environnement, qui dénoncent depuis des mois les promesses de Donald Trump, le scénario catastrophe commence à se mettre en place. "Il est en fonction depuis quatre jours et il vient déjà de lancer la plus dangereuse et la plus redoutée des attaques contre le climat", s'est désolé Michael Brune, du Sierra Club.
Au siège des grandes organisations écologistes, les équipes juridiques sont déjà au travail pour organiser la contre-offensive. "Nous résisterons de toutes nos forces et nous continuons à construire l'avenir que le monde entier rêve de voir", a promis Annie Leonard, de Greenpeace.
Toute la réglementation environnementale en sursis
Mais l'inquiétude est d'autant plus forte que Donald Trump a ouvert mardi un autre front, bien plus large. À l'avenir, il a promis que les procédures pour évaluer l'impact environnemental de n'importe quel projet soumis à autorisation publique seraient simplifiées et accélérées. Devant des constructeurs automobiles, le président américain a ainsi lancé : "Je suis, dans une large mesure, un écologiste. Mais, là, ça va trop loin. On va raccourcir toutes ces procédures. Et de façon générale, vous obtiendrez les permis que vous demandez."