Publié le 25 novembre 2020

ÉNERGIE

Les fuites de méthane ont augmenté de 32 % depuis le début de l’année dans le secteur de l’énergie

62 entreprises pétrolières et gazières ont annoncé cette semaine qu'elles s'engageaient à plus de transparence sur leurs émissions de méthane. Ce gaz à effet de serre continue son inquiétante progression dans l'atmosphère avec des fuites en augmentation de 32 % depuis le début de l'année. Cette hausse serait due à la pandémie de coronavirus, qui pousse les acteurs de l'industrie fossile à changer leurs process et à être moins vigilants. Pourtant, le méthane est particulièrement nocif puisqu'il a un pouvoir réchauffant 80 fois supérieur à celui du CO2.

Trans Alaska Pipeline
Les fuites de méthane peuvent provenir d’infrastructures vieillissantes, mal entretenues ou abandonnées.
@Trans-Alaska Pipeline

Depuis le début de l’année, les fuites de méthane dans le secteur du pétrole et gaz ont - au moins - augmenté de 32 % par rapport à la même période l’année dernière. Ces données, révélées par le cabinet spécialisé Kayrros, à partir d’observations satellites qui ne repèrent que les plus grosses sources d'émissions, sont particulièrement inquiétantes car le méthane est un puissant gaz à effet de serre. Il contribue à un quart des émissions mondiales mais surtout il a un pouvoir réchauffant 82 fois plus important que celui du CO2 sur une période de vingt ans.

"De telles augmentations des émissions de méthane sont préoccupantes et en contradiction flagrante avec la direction l'Accord de Paris de 2015", a commenté Antoine Rostand, président de Kayrros. "Malgré beaucoup de discussions sur le climat de la part des acteurs de l'industrie de l'énergie, les émissions mondiales de méthane continuent d'augmenter fortement. En 2019, notre technologie a détecté de grandes fuites de méthane représentant dix millions de tonnes, soit l’équivalent de plus de 800 millions de tonnes de CO2 sur une période de 20 ans".

L'industrie fossile, deuxième plus gros émetteur

Parmi les zones où ces fuites sont en hausse, on trouve l’Algérie, la Russie, le Turkménistan, mais aussi les États-Unis, l’Iran et l’Iraq, des pays producteurs de gaz et de pétrole où la réglementation n’est pas très contraignante. Selon Kayrros, cette hausse spectaculaire serait due à "un changement dans les pratiques opérationnelles en raison de la pandémie de Coronavirus." L'Agence internationale de l'énergie (AIE) évoque pour sa part le risque que les acteurs de ces secteurs, soumis à une baisse de leurs revenus, accordent moins d'attention aux efforts de lutte contre les émissions de méthane et relâchent leur surveillance.

Après l’agriculture, l’industrie fossile est le deuxième plus gros émetteur de méthane. De récentes études ont ainsi révélé que ses émissions avaient été sous-estimées de 25 à 40 %. Et la situation devrait encore empirer. Aux États-Unis, l'administration Trump a assoupli l’été dernier la réglementation alors que 250 compagnies pétrolières et gazières pourraient se déclarer en faillite dans les mois à venir, selon Rystad Energy. Or, il est plus rentable pour elles d’abandonner leurs puits que de les fermer. On estime déjà que le pays compte deux millions de puits abandonnés, qui continuent de relâcher du méthane dans l'atmosphère.

Cette semaine, 62 entreprises pétrolières et gazières, parmi lesquelles Total, BP, Eni et Shell, se sont engagés à être plus transparentes sur leurs émissions de méthane dans le cadre du Oil and Gas Methane Partnership, porté par le PNUE et la Commission européenne. Mais les américaines Chevron et ExxonMobil n'en font pas partie et les majors rechignent à prendre des objectifs de réduction concrets. Un observatoire international doit être lancé tandis que Bruxelles entend réduire ses émissions de méthane de 35 à 37 % d'ici 2030. Selon l’AIE, le secteur de l'énergie à lui seul pourrait éviter environ les trois quarts de ses émissions.  

Concepcion Alvarez @conce1


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