Publié le 17 octobre 2022
Impossible de se cacher. "Le pipeline de Patrick" cartographie les avancées du mégaprojet pétrolier Eacop, dénoncé par de nombreuses ONGs et par le Parlement européen pour ses atteintes à l'environnement et aux droits humains. Les données numériques deviennent un outil puissant non seulement de surveillance, mais aussi de sensibilisation.

Après les trajets en jets privés, c’est au tour du projet pétrolier Eacop d’être scruté dans ses moindres détails. Le collectif Mémoire Vive à l’origine du compte Twitter "Le jet de Bernard" vient de créer le site "Le pipeline de Patrick" pour suivre les avancées des travaux. Le nom de l’opération est une référence directe à Patrick Pouyanné, directeur de TotalEnergies, qui est le principal investisseur d’Eacop. 
Le pipeline de Patrick présente non seulement les images satellites, mais aussi des vidéos et photos des témoignages des populations déplacées ou contestant le projet, ainsi que des images de la biodiversité menacée. "Nous pensons que l’utilisation des données sera cruciale à la lutte pour la justice sociale", estiment les créateurs du site. 


Pour rappel, Eacop, acronyme de "East-African Crude Oil Pipeline", est à ce jour le plus grand projet de gazoduc chauffé au monde. Accompagné du projet d’extraction du pétrole Tilenga, il reliera la région du Lac Albert en Ouganda au port Tanga en Tanzanie en traversant 16 aires naturelles protégées.

Les oppositions se multiplient


Le compte Instagram associé à l’initiative totalise plus de 7 800 abonnés à peine quatre jours après son lancement. Il faut dire que les oppositions au projet se multiplient. Le Parlement européen a attaqué la major pétrolière sur son devoir de vigilance. De son côté, Emmanuel Macron a annoncé mercredi 12 octobre 2022 sur le plateau de France 2 que "la France ne finance pas ce projet et [qu’]elle ne le soutient pas non plus."
Qualifié de "bombe climatique", Eacop symbolise pour beaucoup notre dépendance aux énergies fossiles. Le Giec alertait dans son dernier rapport sur la nécessité de réduire l’usage du pétrole et du gaz respectivement de 60% et 70% d’ici 2050 par rapport aux niveaux de 2019 pour tenir l’objectif de limitation du réchauffement mondial à 1,5 degrés. 
Fanny Breuneval

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