Publié le 24 décembre 2018
ÉNERGIE
Le milliardaire Daniel Kretinsky va racheter deux centrales à charbon en France, dont la fermeture est prévue pour 2022
Le groupe d'énergie allemand Uniper a annoncé qu'il s'apprête à négocier la vente de l'ensemble de ses activités françaises à EPH, une holding dans l'énergie aux mains du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky. Ce dernier a fait fortune en rachetant des centrales à charbon à travers l’Europe.

@Uniper
"Uniper est prêt à entamer des négociations exclusives avec Energetický a prumyslový holding (EPH)" pour lui céder l'ensemble de ses activités en France, a indiqué le groupe allemand dans un communiqué publié le lundi 24 décembre.
L'offre d'EPH "unilatérale et contraignante" vise notamment deux centrales à charbon exploitées par Uniper, à Gardanne (Bouches-du-Rhône) et Saint-Avold (Moselle), appelées à être fermées.
Paris a confirmé fin novembre sa volonté de fermer d'ici 2022 les quatre centrales à charbon encore actives en France dans le cadre de la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE).
Une stratégie à contre-courant de la transition énergétique
Le repreneur potentiel, EPH, se présente comme le sixième plus grand groupe d'énergie en Europe en employant directement 10 000 personnes à travers des entreprises en Tchéquie et en Europe de l'Est, en Italie, Allemagne et au Royaume-Uni.
Son principal actionnaire et président du Conseil d'administration est Daniel Kretinsky, 43 ans, 5e fortune tchèque. L’homme a fait fortune en suivant une stratégie à contre-courant de la transition énergétique. Dans une enquête publiée par Le Monde en novembre dernier, on découvre que le groupe a racheté tellement d’actifs charbon (centrales et mines) ces dernières années qu’il est devenu le deuxième émetteur de gaz à effet de serre en Europe, derrière le géant allemand RWE.
Hypocricie
Et ces rachats sont loin d’être une mauvaise affaire. "Les grands acteurs de l’énergie en Europe voulaient absolument vendre leurs actifs charbon parce que ça a une mauvaise image (…) Résultat : Kretinsky a racheté des actifs de rêve pour une bouchée de pain", rapportent les auteurs citant un patron français du secteur.
"Je considère comme absolument hypocrite de dire qu’il faut tout arrêter tout de suite. Nous reprenons le charbon et le lignite lorsque cela est nécessaire à l’économie d’un pays et nous en sommes fiers ", explique Daniel Kretinsky aux journalistes. Il ajoute cependant : "Il faut avoir un débat rationnel. Il n’y a personne – et surtout pas nous – qui pense que le charbon doit être utilisé pour l’éternité".
Ludovic Dupin avec AFP