Publié le 27 janvier 2020

ÉNERGIE

La fin des centrales à charbon en France, c'est pour 2022...ou presque

[Mise à jour le 31 janvier] Promesse hautement symbolique de campagne, la fermeture des quatre dernières centrales à charbon françaises prévues pour 2022 ne sera pas complètement tenue. À Cordemais, en Loire-Atlantique, la production devrait tourner au ralenti jusqu’encore 2024 ou 2026 afin d’assurer la sécurité de l’approvisionnement, se justifie le gouvernement. Et à Gardanne, dans les Bouches-du-Rhône, l'incertitude demeure. Au grand dam des associations environnementales.

La centrale à charbon de Cordemais, en Loire-Atlantique, pourra fonctionner à bas régime jusqu'en 2026.
@EDF

Elles ne représentent que 2 % des émissions de CO2 en France, mais 30 % des émissions de la production électrique ou encore l’équivalent de quatre millions de véhicules. La fermeture des quatre dernières centrales à charbon de l’Hexagone d’ici 2022, promesse de campagne du candidat Macron, est très attendue car elle doit ouvrir la voie à la fin des énergies fossiles. Mais elle ne sera pas complètement tenue.

400 heures par an maximum

En cause, les retards pris dans la construction du réacteur nucléaire EPR de Flamanville (Manche). Pour compenser, la centrale à charbon de Cordemais, en Loire-Atlantique, fonctionnera donc encore à "10 % de ses capacités" à partir de 2022 et "jusqu’en 2024 au moins, voire 2026", a confirmé Emmanuelle Wargon, Secrétaire d’État à la Transition écologique. De 4 000 heures de fonctionnement par an, elle passerait en-deçà de 400 heures, conformément à ce que prévoit la loi Énergie-Climat.

Cela devrait permettre à EDF de peaufiner son projet Ecocombust, pour l’instant au stade expérimental. L'électricien souhaite produire à partir de 2022, de l’électricité en mixant 20 % de charbon et 80 % de biomasse produite à partir de granulés de bois issus de déchets d'ameublement ou de construction avec à la clé une réduction des émissions annuelles de CO2 de 25 % par rapport à la situation actuelle. À terme, l'objectif est de se spécialiser dans la production de pellets.

Le gouvernement opposé à la biomasse

Le gouvernement, qui devait se prononcer sur le projet à l’automne dernier, semble toutefois réticent. "Ce n'est pas bien d'utiliser du bois ou de la biomasse pour produire de l'électricité parce que le rendement est très mauvais : il en faut vraiment beaucoup pour produire peu d'électricité et ce sont des produits précieux", a déclaré Emmanuelle Wargon sur France Bleu Normandie mi-janvier. "C'est pourquoi ce projet n'est envisagé qu'à Cordemais, qui est obligée de continuer à tourner, et non au Havre où ne se posent pas les mêmes questions de sécurité d'approvisionnement".

Dans le pacte pour la transition écologique et industrielle présenté par le gouvernement, le projet figure d'ailleurs à la marge. Le document fait davantage la part belle à l’installation d’un parc éolien en mer de Saint-Nazaire avec l’implantation de 80 éoliennes près du banc de Guérande. Le pacte mentionne aussi le développement d’une filière hydrogène et d'un réseau de chaleur. Au total, 31 projets sont listés pour un investissement global potentiel de 275 millions d’euros.

Outre Cordemais, la France compte trois autres centrales à charbon, au Havre (Seine-Maritime), où la fermeture est prévue au 1er avril 2021, et à Saint-Avold (Moselle), qui doit fermer au deuxième trimestre 2022. À Gardanne, la date précise de fermeture n'est pas encore fixée. La secrétaire d'État, Emmanuelle Wargon, en visite sur place cette semaine, a annoncé le financement par l'État d'une étude pour évaluer les propositions de reconversion de la CGT. 

Concepcion Alvarez, @conce1


© 2023 Novethic - Tous droits réservés

‹‹ Retour à la liste des articles

Pour aller plus loin

La centrale à charbon d'EDF à Cordemais fait de la résistance

Dans l’estuaire de la Loire, à une trentaine de kilomètres de Nantes, la centrale à charbon de Cordemais, détenue par EDF, mène une course contre la montre pour repousser la date butoir de 2022, à laquelle elle doit théoriquement fermer ses portes. Pour cela, l’énergéticien tricolore est...

À la centrale de Cordemais, EDF tente de remplacer le charbon par des déchets de bois

Menacée de fermeture, la centrale à charbon d'EDF à Cordemais, en Loire-Atlantique, pourrait finalement continuer à fonctionner après la date de 2022 grâce à son projet "Écocombust" de fabrication de biomasse. L'électricien tente de remplacer progressivement le charbon par des granulés de...

Les centrales à charbon seront bel et bien fermées en 2022, selon François de Rugy

Le gouvernement veut maintenir son projet de sortir du charbon pour la production d’électricité dès 2022. Un rapport de RTE, le gestionnaire du réseau d’électricité, démontre que la France peut se passer de ses quatre centrales même en cas de coup dur. Un avis qui ne fait pas les affaires...

Le gouvernement remet en cause la sortie du charbon en 2022 pour la plus grande centrale française

L’une des grandes promesses d’Emmanuel Macron en matière de transition énergétique est la fin du charbon en France en 2022. Le chef de l’État a assuré que toutes ces centrales fermeront "pendant le quinquennat". Pourtant, cet engagement pourrait bien être légèrement altéré en autorisant...

ÉNERGIE

Energies fossiles

L’extraction des énergies fossiles se fait à un coût environnemental de plus en plus élevé. Si leur épuisement est encore lointain, les modèles économiques qui ont fait la fortune des grandes compagnies pétrolières sont aujourd’hui bousculés.

2022 TotalEnergies AG manifestants Denis Meyer ANV COP21 Alternatiba Paris Les Amis de la Terre France Greenpeace 6052

TotalEnergies, Shell… la pression monte aux Assemblées générales des compagnies pétrolières

La fin du mois de mai s’annonce agitée pour les compagnies pétrolières. De nombreuses résolutions climatiques sont attendues pour leurs assemblées générales, certaines recueillant des soutiens de poids parmi les grands investisseurs mondiaux. TotalEnergies fait également l’objet de campagnes d’ONG...

Greenpeace plateforme petroliere shell fevrier 2023 Greenpeace

Shell admet que pour rester sous 1,5°C, la production de pétrole et gaz ne doit plus augmenter

Shell admet pour la première fois que pour rester sous 1,5°C de réchauffement, il ne faut plus augmenter la production de gaz et de pétrole. Pour autant, la major, sous le coup de plusieurs actions en justice, n'a pas modifié sa trajectoire et mise encore largement sur les énergies fossiles.

Terminal methanier rio grande LNG au sud du texas RioGrandeLNG

Société générale et Crédit agricole disent non au très controversé projet de gaz de schiste Rio Grande LNG

La course au gaz naturel liquéfié n'en finit plus. Avec la guerre en Ukraine, la fin des approvisionnements en gaz russe a semé la panique, et les pays sont tous azimuts pour décrocher de nouveaux contrats, France en tête. TotalEnergies serait sur le point de signer un nouveau contrat, permettant de...

Tiktok video les jeunes se mobilisent contre projet willow

Projet pétrolier Willow en Alaska : les jeunes s'emparent de l'activisme climatique sur TikTok

Sur TikTok, des centaines de vidéos ont encouragé les jeunes à se mobiliser contre le projet pétrolier Willow en Alaska ces dernières semaines. Si certaines ont généré des milliers de vues, soutenant pétition et envoi massif de courriers à la Maison-Blanche, cela n’aura pas suffi pour faire plier le...