Publié le 14 octobre 2019
ÉNERGIE
La Chine appuie largement le charbon hors de ses frontières
Les banques et entreprises chinoises continuent de miser sur le charbon... hors de leurs frontières. Alors que Pékin a pris des mesures restrictives sur l'utilisation du charbon, sur son territoire, le pays finance plus de 100 gigawatts de nouvelles capacités au Banglasdeh, en Afrique du Sud ou encore en Indonésie.

@CC0 / Herry Lawford
C’est le champion des énergies renouvelables, mais c’est aussi le plus gros pollueur de la planète. Si la Chine, premier producteur mondial de charbon, a pris des mesures restrictives sur l’utilisation de cette énergie pour améliorer la qualité de l’air dans ses villes, elle n’hésite pas à la soutenir hors de ses frontières. Selon un rapport de l’Institute for Energy Economic and Financial Analysis (IEEFA), les banques et entreprises chinoises financent ou vont financer plus d'un quart des projets de nouvelles capacités de production d'électricité au charbon hors de Chine.
Carte des pays dans lesquels la Chine a investi, en fonction de la capacité des installations en mégawatts (MW). (Source : IIEFA)
"La Chine est le leader mondial pour prendre des mesures et faire les investissements nécessaires pour progressivement décarboner son économie", explique Tim Buckley, de l’IEEFA. "Mais au niveau international, la Chine continue d'investir dans une série de projets charbon, en contradiction directe avec sa stratégie énergétique nationale".
Le premier électricien du continent africain
Fin juillet 2018, les institutions et entreprises chinoises s’étaient engagées à investir 35,9 milliards de dollars dans des projets d'énergie au charbon dans 27 pays, pour un total de 102 gigawatts. Les projets concernent majoritairement le Bangladesh, le Vietnam, l'Afrique du Sud, le Pakistan ou encore l'Indonésie. En Afrique, la Chine finance l’essentiel des nouvelles capacités de production électrique, devenant le premier électricien du continent.
Pékin a investi en Egypte, au Nigeria, au Kenya, au Sénégal, et au Zimbabwe, des pays qui ne disposent pas de charbon pour alimenter les futures centrales. "Cela veut dire qu'ils devront construire des infrastructures d'importation ou des mines de charbon", note Christine Shearer, l’auteur de l’étude. "Le risque est d'enfermer ces pays dans quelque chose qui n'est pas bon pour eux à long terme, et incompatible avec les objectifs de l'accord de Paris".
Concepcion Alvarez, @conce1