Publié le 04 août 2015
ÉNERGIE
Aux États-Unis, le charbon sur le grill
Le charbon, déjà fragilisé économiquement, est désormais attaqué par le président des États-Unis lui-même. Le Clean Power Plan, détaillé hier par Barack Obama, prévoit la fermeture d’un tiers des centrales au charbon, qui reste encore la première source d’énergie dans une vingtaine d’États, malgré un recul de la consommation. Et ces États entendent bien se battre contre le projet de la Maison Blanche, en invoquant notamment les milliers d’emplois menacés.

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L’âge d’or du charbon semble bel et bien révolu, n’en déplaise à certains. Alors qu’il représentait il y a encore quinze ans, plus de 50 % de la production d’électricité aux États-Unis, le charbon - qui reste la première source d’électricité -, représente aujourd’hui 39 % du mix électrique américain. Et en 2030, selon le Clean Power Plan présenté par Barack Obama ce lundi, il sera dépassé par les énergies renouvelables et ne représentera plus que 27 %.
Des réglementations strictes sur les émissions
Depuis le début de son second mandat, le président américain a placé la lutte contre le réchauffement climatique, et plus particulièrement contre la pollution de l’air, au cœur de son action. Sa cible : les centrales à charbon, fortement émettrices de CO2, gaz nocif pour la santé.
L'agence américaine de protection de l’environnement (EPA) avait déjà durci la réglementation concernant les émissions des nouvelles centrales électriques et du parc existant, fragilisant le secteur. Avec les nouvelles mesures du Clean Power Plan, c’est un tiers des centrales au charbon qui vont fermer dans les années à venir.
Un nouveau coup dur donc pour cette industrie, qui subit déjà un effondrement financier à cause notamment du gaz de schiste bon marché, et de la baisse du coût des énergies renouvelables. Selon l’ONG Carbon Tracker Initiative, qui a publié une étude en mars dernier sur le sujet, 26 entreprises charbonnières ont fait faillite au cours des trois dernières années. Et l’indice boursier qui rassemble ces entreprises, le Dow Jones Total Market Coal Sector Index, affiche une baisse de 76 % sur cinq ans.
511 centrales au charbon
Il y a actuellement 511 centrales électriques au charbon aux États-Unis, selon l’EIA, l’agence américaine d’information sur l’environnement. C’est 100 de moins par rapport à 2005. Ces centrales sont principalement concentrées dans l’Est. Ainsi, certains États sont extrêmement dépendants de ce combustible. C’est le cas de la Virginie Occidentale, où la production d’électricité provient à 95 % du charbon. Dans le Kentucky, le Wyoming, le Missouri, ou encore l’Utah, la part du charbon dépasse les 75 %.
Le sénateur du Kentucky, Mitch McConnell, chef de la majorité républicaine au Sénat, a appelé tous les gouverneurs à refuser d’appliquer le Clean Power Plan. Les procureurs de plus d’une douzaine d’États ont déjà annoncé qu’ils étaient prêts à attaquer ce plan en justice. En juin 2014, lors de l’annonce du plan de réduction des émissions de CO2 par l'Agence de protection de l'environnement (EPA), la chambre de commerce américaine avait publié un rapport chiffrant ces mesures. Elle estimait à 50 milliards de dollars par an le coût des nouvelles réglementations, et à 224 000 le nombre d’emplois menacés chaque année, d’ici à 2030.
Des arguments rejetés par Barack Obama. La Maison Blanche avance que ce plan pourrait créer des dizaines de milliers d'emplois, et a évalué son coût à 8,4 milliards de dollars.