Publié le 19 janvier 2017
ÉNERGIE
Sûreté nucléaire : le parc français dans un état "préoccupant"
Manque de moyens financiers, réacteurs approchant les 40 ans d’exploitation… Le président de l’Autorité de sûreté nucléaire pointe le "contexte préoccupant" du parc nucléaire français. Il appelle à une réforme globale du système de contrôle.

ALAIN JOCARD / AFP
L’an passé, le "contexte" de sûreté nucléaire était "préoccupant à moyen terme". Cette année, le président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), Pierre-Franck Chevet le juge "préoccupant". Exit la notion de moyen-terme.
La situation générale présente selon lui de réelles inquiétudes. D’abord parce que la majorité des 58 réacteurs nucléaires approchent les 40 ans d’exploitation. Un parc dont le vieillissement soulève des questions quant à son bon fonctionnement, en particulier sur la sûreté, c'est à dire les conditions d'exploitation, la prévention et la gestion des incidents.
À ce sujet l’ASN rendra un avis sur la prolongation de chaque réacteur en 2019.
Manque de moyens
Est également pointé un manque de moyens. Pierre-Franck Chevet réclame 20 millions d’euros supplémentaires pour son organisme et son bras droit, l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire). Cette augmentation de budget lui permettrait d’embaucher davantage de personnel.
En toile de fond, les falsifications de dossiers découvertes dans l’usine d’Areva du Creusot et des anomalies des cuves d’EPR (réacteur nucléaire à eau pressurisée) en construction. "Nous ne les avions pas vues", avoue Pierre-Franck Chevet. "Il faut amender notre système pour détecter des falsifications, notamment sur des objets plus courants tels que les robinets ou les cartes informations".
EDF et Areva en cause
Le plus grave, estime-t-il, reste le manque de moyens financiers d’EDF et d’Areva. "Un exploitant qui n’aurait pas assez d’argent aura de la peine à avoir une sûreté à niveau", a-t-il expliqué au Parisien.
C’est pour cette raison que, le mois dernier, des militants de Greenpeace avaient bloqué l’entrée du siège d’EDF à Paris. Ils dénonçaient le "scandale de la faillite financière et technique d’EDF", accusant le groupe de n’avoir plus les moyens d’investir dans la sûreté du parc.