Publié le 15 février 2019

ÉNERGIE

[Édito Vidéo] Plus renouvelable, moins nucléaire, peu émettrice et plus chère… La France électrique en quatre chiffres

Chaque année, le gestionnaire de transport électrique RTE présente son bilan électrique. Pour l’année 2018, celui-ci marque plusieurs grandes tendances à commencer par une stabilité de la consommation et une forte baisse des émissions de CO2. Elle marque aussi un léger recul du nucléaire. Des éléments clés pour guider la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) jusqu’en 2028. 

La centrale de Fessenheim devrait fermer ses portes en 2020.
@ViolettaKuhn/DPA

Il y a quatre éléments à connaître pour comprendre l’électricité en France. Ils proviennent de RTE, le réseau de transport électrique français. Celui-ci a remis, début février 2019, son bilan annuel sur l’année 2018.

1. UNE CONSOMMATION OBSTINÉMENT STABLE

Le premier est la stabilité de la consommation à 478 TWh. Elle dure depuis six ans. Une hausse appellerait à construire de nouveaux actifs, en particulier nucléaire selon EDF. Une baisse appellerait à fermer des réacteurs à la faveur des renouvelables selon les ONG. Cette stabilité traduit la forte maîtrise de la consommation malgré un essor fulgurant des usages électriques dans le transport et le numérique.

2. UN PEU MOINS NUCLÉAIRE 

Le deuxième est que le nucléaire ne représente plus les trois quarts de l’électricité en France. En 2018, nous étions à 71,7 %. Ce n’est que quelques points par rapport à 75 % mais ils pèsent lourds. Dans un contexte de hausse de la production globale et de baisse des fossiles, cela traduit une forte dynamique des renouvelables. À eux-seuls, le solaire et l’éolien ont progressé en puissance installée de l’équivalent de deux tranches nucléaires (+1,5GW pour le premier, +0,8 GW pour le second).

3. ÉMISSION DE CO2 EN CHUTE 

Troisièmement, le parc français continue à se décarboner avec une baisse des émissions de CO2 de 28 %. Merci à la disponibilité du nucléaire et de l’hydraulique. C’est une très bonne perspective au moment où la centrale au fioul de Cordemais a fermé ses portes fin 2018 et où les quatre centrales à charbon du territoire sont mises à l’arrêt en 2022.

4. UN COÛT FAIBLE MAIS QUI AUGMENTE

Quatrièmement, comme partout en Europe, les prix de l’électricité en France ont crû en 2018. Environ + 10% en raison de la hausse des matières premières (charbon et gaz principalement) et du coût du CO2. La France reste la moins chère à 50,20 euros/MWH. Seule l’Allemagne est en dessous à 44,5 euros. Mais cela est dû à un phénomène particulier : les prix négatifs. À cause de sa surproduction renouvelable, l’Allemagne doit parfois payer pour exporter son électricité. Cela s’est produit à 134 reprises l’année passée outre-Rhin, contre 11 fois en France.

À l’heure où la France doit faire ses choix technologiques pour la programmation pluriannuelle de l’énergie qui la guidera jusqu’en 2028, elle doit prendre en compte ces quatre éléments et l’exemple du voisin allemand afin de maîtriser sa facture et sa sécurité d’approvisionnement.

Ludovic Dupin, @LudovicDupin


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