Publié le 11 février 2021
La ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a annoncé jeudi 11 février l'abandon de l'extension controversée de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle pour des raisons environnementales. D'ici 2037, un quatrième terminal devait être construit, permettant 450 vols supplémentaires par jour. Le gouvernement a demandé au gestionnaire des aéroports de Paris de proposer un projet plus cohérent avec la lutte contre le changement climatique. 

Le gouvernement a tranché : le terminal 4 de l’aéroport parisien Roissy-Charles-de-Gaulle ne verra pas le jour. Jugé  "obsolète" à l’heure de la lutte contre le réchauffement climatique, l’ État a choisi d’abandonner le projet controversé d’extension, a annoncé jeudi 11 février la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili au journal Le Monde. Le chantier prévoyait la construction à l’horizon 2037 d’un quatrième terminal pour augmenter la capacité de l’équipement de 40 millions de passagers par an.
D’un coût colossal estimé entre 7 et 9 milliards d’euros, il devait s’étendre sur 167 hectares et permettre 450 vols de plus quotidiennement : l’équivalent d’un aéroport comme Orly, intégré à celui de Roissy.  Un projet,  "qui ne correspondait plus à la politique environnementale du gouvernement et aux exigences d’un secteur en pleine mutation, tourné vers l’avion vert de demain", a estimé la ministre de la Transition écologique
Le gouvernement ne renonce cependant pas au développement de Roissy. Il a demandé au gestionnaire des aéroports de Paris, le groupe ADP, dont l’État est l’actionnaire majoritaire, "d’abandonner son projet et de lui en présenter un nouveau, plus cohérent avec ses objectifs de lutte contre le changement climatique et de protection de l’environnement", a déclaré Barbara Pompili au quotidien. "Nous aurons toujours besoin des avions, mais il s’agit d’être dans une utilisation plus raisonnée de l’aérien, et d’atteindre une baisse des émissions de gaz à effet de serre du secteur", a détaillé la ministre.
Une surprise à demi teinte : 
Le projet avait du plomb dans l’aile depuis plusieurs mois. Critiqué par les ONG et associations écologistes, le nouveau terminal T4 avait subi un revers en juillet 2020 lorsque l’Autorité environnementale avait émis dans un avis une réserve quant à la conformité du projet avec les objectifs climatiques de la France. 
La crise sanitaire, qui a largement réduit le trafic aérien, a en outre jeté le doute sur la validité des projections sur l’accroissement continu des flux de voyageurs et donc la nécessité d’adapter les infrastructures. "Les extensions de capacité à Roissy aujourd’hui paraissent être un pari audacieux", avait jugé cet été le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari, qui avait estimé que le projet devait être revu "en profondeur".
Aéroport Notre-Dame-des-Landes, méga complexe Europacity, ferme aux 1000 vaches,  construction de la Navette Charles-de-Gaulle Express… Les projets abandonnés pour des raisons environnementales se sont multipliés sous le quinquennat. Cette dernière annonce intervient au lendemain de la présentation par le gouvernement de son projet de loi "climat et résilience" issu des propositions de la Convention citoyenne pour le climat, un texte largement critiqué par les ONG et une partie de la gauche pour son "manque de muscle".
Pauline Fricot avec AFP

Découvrir gratuitement l'univers Novethic
  • 2 newsletters hebdomadaires
  • Alertes quotidiennes
  • Etudes