C’est la douche froide pour Tony Parker. Lundi 15 septembre, le préfet coordonnateur du massif des Alpes a rejeté la demande d’autorisation du projet touristique porté par l’ancienne star du basket dans l’Isère. En cause, le “dimensionnement manifestement excessif au regard de l’offre actuelle et de l’équilibre en matière de ressources naturelles” de ce complexe immobilier de luxe situé au pied des pistes de la station de moyenne montagne de Villard-de-Lans.
Estimé à un total de 88,5 millions d’euros, cette “unité touristique nouvelle” (UTN) prévoyait la construction de 99 suites-appartements, 2 450 m² de commerces, une salle d’activité indoor de plus de 7 000 m², plusieurs restaurants, une crèche ou encore des espaces de bien-être. Soutenu par le maire de Villard-de-Lans, Arnaud Mathieu, qui estime que la commune “a besoin de diversification afin d’assurer la pérennité de son activité économique et l’attractivité”, l’Ananda Resort ne devrait finalement pas sortir de terre.
Dans un communiqué de presse, le préfet affirme que “les analyses actuellement disponibles ne permettent pas de disposer d’éléments probants, complets et suffisamment consolidés pour évaluer de manière fiable les effets et les impacts environnementaux, sociaux et économiques de cette unité touristique nouvelle structurante”. Depuis trois ans, le collectif Vercors citoyens dénonce en effet un projet “du siècle passé” reposant sur les sports d’hiver.
Consultation publique défavorable
Or, comme un nombre croissant de stations, Villard-de-Lans voit depuis plusieurs années son taux d’enneigement baisser. Entre 2012 et 2023, le nombre de jours où il a neigé sur ce massif est passé de 18 à 10 en moyenne. La question de la gestion de la ressource en eau est ainsi au cœur des préoccupations, celle-ci étant essentielle au fonctionnement des canons à neige dont l’utilisation pourrait s’accentuer avec les effets du changement climatique.
La décision du préfet repose par ailleurs sur le résultat d’une consultation publique portant sur le projet. Selon les résultats publiés dans le courant de l’été, 82% des répondants se sont prononcés défavorablement sur 3 614 avis recueillis. Reste néanmoins la possibilité pour Tony Parker et sa holding “Infinity Nine Mountain”, de faire appel de la décision devant le tribunal administratif de Grenoble dans un délai de deux mois. Le groupe pourra également effectuer une nouvelle demande d’autorisation, à condition d’avoir “remanié et amélioré” le dossier, en prenant compte les “différents avis et analyses exprimés”.
De son côté, Vercors citoyens voit dans cette décision administrative la “possibilité de travailler de manière concertée à la mise en place d’une stratégie de transition et d’un projet de territoire cohérent, alignés avec les enjeux et spécificités du Vercors”. Reste cependant un second projet, situé à quelques kilomètres de là dans la commune de Corrençon, qui a lui reçu un avis favorable de défrichement.