Vagues de chaleur, sécheresse, inondations…l’été 2025 a, sans surprise, été extrême en termes d’événements météorologiques. Météo France l’a ainsi classé au troisième rang des étés les plus chauds. En Espagne, la vague de chaleur du mois d’août a été la plus intense jamais enregistrée. Ces deux pays comptent ainsi parmi ceux qui paient la facture la plus élevée, selon une nouvelle étude de l’Université de Mannheim (Allemagne), publiée ce lundi 15 septembre.
Celle-ci évalue les coûts macroéconomiques des vagues de chaleur, des sécheresses et des inondations à court et moyen termes, bien au-delà des seuls dommages directs causés aux biens matériels et compilés par les réassureurs. Le coût total donne le vertige puisque les auteurs estiment que l’été 2025 coûtera respectivement à court et moyen-terme 43 et 126 milliards d’euros aux régions européennes touchées par des événements météorologiques extrêmes. Cela représente l’équivalent de 0,26% et 0,78% du PIB de l’UE en 2024. “Une perte économique significative”, commente Sehrish Usman, co-autrice de l’étude.
Les sécheresses, les plus coûteuses
Un quart des régions de l’UE ont été touchées : 96 ont connu des vagues de chaleur, 195 ont souffert de sécheresse et 53 ont été touchées par des inondations. Les sécheresses apparaissent comme les plus coûteuses : 29,4 milliards d’euros en 2025 et 75,6 milliards d’ici 2029, soit respectivement 0,18% et 0,47% du PIB européen. Viennent ensuite les vagues de chaleur : 6,8 milliards d’euros en 2025 et 30 milliards d’ici 2029, soit respectivement 0,04% et 0,19% du PIB européen. Puis les inondations : 6,5 milliards d’euros en 2025 et 20,3 milliards d’ici 2029, soit respectivement 0,04% et 0,13% du PIB européen.
Ces trois types d’événements entravent l’activité économique de différentes manières, selon les auteurs : la chaleur réduit la productivité (par exemple, dans la construction et l’hôtellerie) ; la sécheresse touche principalement l’agriculture ; et les inondations causent des dommages directs aux infrastructures et aux bâtiments, ainsi que des pertes indirectes, telles que la perturbation des chaînes d’approvisionnement. On peut y ajouter les coûts humains – la vague de chaleur de fin juin/début juillet a causé plus de 2 300 décès supplémentaires dans 12 grandes villes européennes -, les coûts fiscaux avec une baisse des recettes en raison de la baisse de l’activité économique, l’inflation qui a tendance à augmenter, les coûts d’adaptation et les retombées du commerce et des conflits d’approvisionnement.
Les auteurs insistent dès lors sur l’importance de prendre en compte l’ensemble des coûts, y compris à moyen-terme car ils ont tendance à s’élever dans les années qui suivent un événement extrême. Ils préviennent aussi que leurs estimations sont “probablement prudentes” car elles ne tiennent pas compte des effets cumulés (par exemple, la concomitance des vagues de chaleur et des sécheresses) et n’incluent pas d’autres aléas tels que les incendies de forêt – qui ont été importants en juillet et août 2025.
Message aux décideurs
“L’objectif de cette étude était de quantifier le plus rapidement possible les pertes économiques globales dues à la chaleur, à la sécheresse et aux inondations afin d’aider les décideurs politiques à cibler le soutien et à adapter les stratégies”, poursuit Sehrish Usman. Alors que les ministres de l’UE doivent discuter de l’objectif climatique 2040 jeudi 18 septembre, les résultats apportés par cette nouvelle étude renforcent les propos tenus par le Haut Conseil du climat la semaine dernière : “Face aux feux de forêts, vagues de chaleur et inondations qui frappent l’Europe, l’urgence climatique n’est plus théorique. Retarder l’adoption d’objectifs ambitieux reviendrait à fragiliser la sécurité, l’économie et la santé de millions d’Européens”.
Et de rappeler à la France, qui joue un rôle dans le retardement de l’adoption de cet objectif, sa “responsabilité particulière”, en tant que pays hôte de la COP 21, afin “de préserver l’héritage de Paris”. Selon l’étude, les dommages de l’été 2025 dans l’Hexagone s’élèveraient à 10,1 milliards d’euros en 2025 et devraient atteindre 33,9 milliards d’euros en 2029, soit respectivement 0,39% et 1,3% du PIB. Le pays se classe ainsi au 3e rang des plus touchés économiquement. En outre, selon Santé publique France, près de 300 morts supplémentaires ont été enregistrés pendant la canicule d’août 2025, notamment chez les plus âgés. Des perspectives qui contrastent quelque peu avec une étude de l’Insee, publiée le 11 septembre dernier. Elle estime que “les épisodes caniculaires de 2025 n’auraient pas d’impact immédiat significatif sur l’activité en France”, mais souligne également que “cela n’exclut pas des impacts plus pérennes sur d’autres branches de l’économie française”.