Publié le 25 août 2025

Le bitcoin a franchi un nouveau cap historique en dépassant les 124 000 dollars fin août. Entre rareté organisée, politique américaine favorable et spéculation effrénée, l’envolée de la cryptomonnaie interroge sur les risques systémiques qu’elle pourrait engendrer.

Fin août 2025, le bitcoin a battu un nouveau record historique en dépassant brièvement les 124 500 dollars, dépassant son précédent sommet de juillet (123 205 dollars). En comparaison, en 2021, le record s’établissait à 40 000 dollars. Une progression fulgurante qui fait débat.

“La spéculation est considérable”, constate Thierry Philipponnat, économiste et ancien directeur de la recherche chez Finance Watch. “On peut même aller plus loin : il y a un phénomène de rareté organisé”, ajoute-t-il. À la différence des monnaies classiques, le bitcoin a une offre limitée à 21 millions d’unités, décidée dès sa création par son inventeur, Satoshi Nakamoto. Aujourd’hui, environ 20 millions de bitcoins ont déjà été “minés”, ce qui signifie que l’essentiel du stock est en circulation. Ce plafond artificiel entretient une pression à la hausse : plus la ressource est rare, plus sa valeur peut grimper, tant que la demande suit.

Le rôle controversé de Donald Trump

L’environnement politique américain joue également un rôle crucial dans cette dynamique. Le président Donald Trump, très favorable à la dérégulation du secteur, a levé des restrictions empêchant les banques de travailler avec les entreprises de cryptomonnaies. Cette bienveillance politique, alimentée par les investissements personnels de membres de la sphère Trump (y compris sa propre famille), contribue à renforcer la légitimité du bitcoin dans l’économie américaine. “Il y a une confusion totale entre intérêt public et intérêt privé”, dénonce Thierry Philipponnat, pointant du doigt une volonté de certains cercles de remplacer les institutions publiques par des intérêts privés, avec le bitcoin comme figure de proue.

Le risque n’est pas seulement politique ou idéologique. Il est aussi économique et structurel. De plus en plus de produits financiers traditionnels sont adossés au bitcoin : ETF, produits dérivés, prêts collatéralisés, etc. Ce lien croissant entre la sphère crypto et la finance classique pourrait provoquer un effet domino si la bulle venait à éclater. De nouvelles normes prudentielles édictées par le comité de Bâle doivent entrer en vigueur en 2026 pour mieux encadrer l’exposition des banques aux cryptomonnaies. Mais selon un article des Echos, de grandes organisations financières internationales comme la Global financial markets association, font déjà pression sur les régulateurs pour ne pas imposer de réglementation trop stricte.

Un risque pour l’économie réelle

“Le danger, sur un marché aussi fragile, aussi dénué de fondamentaux, c’est que le jour où la confiance disparaît, ça baisse brutalement, provoquant un effet de panique”, avertit l’économiste. En cas d’effondrement, les chambres de compensation, les appels de marge et les acteurs institutionnels exposés pourraient faire face à des pertes massives, contaminant potentiellement l’ensemble du système financier.

Malgré une capitalisation estimée à 2 400 milliards de dollars, le bitcoin ne représente qu’environ 1% de la capitalisation des marchés actions mondiaux. Mais cette proportion reste suffisamment importante pour perturber le fragile équilibre entre finance et économie réelle. “C’est la queue qui remue le chien. La finance doit être au service de l’économie, pas l’inverse”, insiste Thierry Philipponnat.

Le bitcoin reste, selon lui, un actif purement spéculatif, dont le prix dépend avant tout de l’espoir qu’un autre investisseur paiera plus cher demain. Un phénomène autoréalisateur, sans lien tangible avec la création de valeur économique ou la production de biens et services.

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