Face au silence du gouvernement, onze Français sinistrés climatiques, soutenus par les associations à l’origine de L’Affaire du siècle, Greenpeace, Oxfam et Notre Affaire à Tous, ont déposé ce mercredi 25 juin un recours devant le Conseil d’Etat. L’objectif ? Pousser le gouvernement à revoir ses politiques d’adaptation face au changement climatique, au moment où une vague de chaleur souffle sur la France depuis plus d’une semaine.
“Le 8 avril, ces citoyens ont interpellé le gouvernement sur l’urgence d’agir. Sans réponse, sans engagement, ils saisissent aujourd’hui la justice. Ensemble, nous demandons la révision du Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC-3) ainsi qu’une rencontre avec le président de la République et le Premier ministre pour engager dès maintenant un dialogue politique, indispensable face à l’urgence climatique”, expliquent les ONG dans un communiqué de presse.
Pour un cadre plus contraignant
Elles mettent en avant les effets du changement climatique qui se poursuivent depuis leur alerte avec par exemple la mort de trois personnes dans le Var à cause d’inondations torrentielles ou encore les maisons de Mohamed et Marie, deux des demandeurs du recours, qui continuent de se fissurer à cause du phénomène de retrait-gonflement des sols argileux.
En mars dernier, le gouvernement avait présenté la version finale du troisième Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC-3), mais il est en deçà des attentes des citoyens et des associations à l’origine de ce recours. “Il n’a toujours pas de cadre contraignant et ne prend toujours pas en compte les inégalités sociales et territoriales face aux conséquences du changement climatique”, soutiennent les requérants.
L’action engagée devant le Conseil d’Etat vise ainsi la révision de ce plan pour “des politiques publiques à la hauteur, capables de protéger efficacement l’ensemble de la population face aux risques climatiques”, pointent les ONG. Par ailleurs, les sinistrés ont adressé une lettre ouverte au président de la République et au Premier ministre, publiée dans le quotidien Les Echos, leur demandant une rencontre afin d’engager “dès maintenant un dialogue politique, indispensable face à l’urgence climatique”, sans attendre la décision de justice, qui impose forcément un certain délai.
Vague de chaleur précoce
Le pays a connu sa première vague de chaleur de l’année la semaine dernière avec des températures souvent 10 à 15 degrés au-dessus des normales de saison. Météo-France a ainsi relevé 39,3°C à Vailhan (Hérault), 39,2°C à Carcassonne (Aude), 37,6°C à Saintes (Charente-Maritime), 35,3°C à Nantes (Loire-Atlantique) ou encore 34,9°C enregistrés à Paris dans la journée du 21 juin. Après un répit de courte durée, un nouveau pic de chaleur est attendu pour ce mercredi 25 juin avec à nouveau des températures maximales très élevées, parfois largement au-dessus de 35°C.
Cette vague de chaleur précoce vient accentuer la situation de sécheresse des sols installée au printemps après une saison remarquablement sèche sur le nord de la France. La sécheresse des sols superficiels se généralise désormais à l’ensemble du pays. De quoi accentuer le phénomène de retrait-gonflement des argiles. Mais cette chaleur a aussi des conséquences sur la santé et met à rude épreuve les organismes. “On va avoir une période estivale chaude, un été caniculaire. La vague arrive plus rapidement que les autres années, avec plus de 10 degrés de différence par rapport à la même période”, alerte Yannick Neuder, ministre de la Santé. Des politiques d’adaptation ambitieuses et justes apparaissent donc comme indispensables face à l’accélération du changement climatique.