Publié le 20 juin 2025

Jusqu’où monteront les températures ce week-end ? La France connaît une première vague de chaleur qui semble s’éterniser. Elle s’explique par un flux d’air chaud provenant d’Afrique qui se retrouve bloqué entre deux dépressions. On vous explique.

La première grande vague de chaleur de l’année devrait connaître son pic samedi 21 juin, jour du solstice d’été, avec des températures comprises entre 35°C et 38°C, notamment dans l’ouest du pays, et même 39°C du Val de Loire à l’Occitanie. Seize départements ont été placés en vigilance orange canicule ce vendredi 20 juin, de la Manche aux Charentes et autour du Lyonnais. Samedi 21, la quasi-totalité de l’Hexagone sera en vigilance jaune pour canicule. A l’origine de ces températures élevées pour la saison, deux phénomènes : une situation de blocage en oméga et de goutte froide.

Source : Météo-France

Comme l’explique Météo-France, le blocage en oméga – du nom de la lettre grecque en forme de fer à cheval – est une situation météorologique persistante dans le temps, durant laquelle un axe de hautes pressions domine au centre (en rouge), entouré de deux gouttes froides (poches d’air froid située en altitude, en bleu) qui forment les deux pieds. Quand le blocage en oméga est positionné en plein sur la France, il est synonyme de temps calme et ensoleillé car il empêche les perturbations venues de l’Atlantique de gagner le pays, tandis que les températures ont tendance à augmenter au fil des jours. C’est ce qu’il se passe depuis le début de la semaine.

Des vagues de chaleurs plus fréquentes et précoces

Toutefois, si la vague de chaleur que nous vivons actuellement est remarquable, elle n’est pas inédite, indique Météo-France. En juin 2019, le mercure avait déjà dépassé les 40°C sur les Pays de la Loire, le Centre Val de Loire et le Poitou-Charentes. De même, en juin 2022, le mercure avait dépassé 40°C sur l’ensemble de la façade ouest du pays. La vague de chaleur de 2022 fut aussi la plus précoce (15-19 juin) jamais enregistrée à l’échelle nationale.

A mesure que le changement climatique s’amplifie, les vagues de chaleur vont être de plus en plus fréquentes. Météo-France rappelle ainsi qu’il faudrait s’attendre à dix fois plus de jours de vague de chaleur à l’horizon 2100. Les étés futurs seront ainsi plus chauds que tous ceux connus jusqu’à aujourd’hui. Dans une France à +4°C d’ici 2100, des températures supérieures à 40°C pourraient se produire tous les ans, et des pics inédits de chaleur pourraient atteindre jusqu’à 50°C localement.

En outre, on observe également que les vagues de chaleur sont de plus en plus précoces, dès la mi-juin à l’échelle nationale (comme en 2005 ou en 2022) mais elles s’étendent aussi jusqu’après le 15 août (depuis 2001). Dans une France à +4°C d’ici 2100, elles peuvent apparaître dès la mi-mai et s’étendre jusqu’à fin septembre.

Fini le petit-déj’

Cette durée étirée de la saison estivale a de nombreuses conséquences pour la santé, avec 5 000 morts de la chaleur en France au cours de l’été 2023 et plus de 3 700 à l’été 2024. Mais aussi pour de nombreux secteurs économiques à l’instar de l’agriculture. Dans son dernier point sur la situation hydrologique de l’Hexagone, publié lundi 16 juin, Météo France rappelle qu’à la fin du mois de mai, les sols de la moitié nord du pays étaient “inhabituellement secs“, voire “extrêmement secs” dans certains secteurs, notamment les Hauts-de-France, la Champagne, l’Aisne ou une partie de la Normandie. Une situation qui va donc encore s’aggraver.

Une étude publiée mercredi 18 juin dans la revue Nature n’est pas pour rassurer. Même si les émissions chutent rapidement jusqu’à atteindre le net zéro, les pertes de rendement de six grandes cultures, dont le blé, le maïs ou le soja, pourraient aller jusqu’à 11% au niveau mondial. Mais si les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter, les rendements en calorie seront inférieurs de 24% en 2100 par rapport à un monde sans changement climatique. Les pertes pourraient atteindre jusqu’à 41% en 2100 dans les régions les plus riches, aujourd’hui les plus productives.

Pour chaque degré de réchauffement supplémentaire par rapport à l’ère préindustrielle, l’équivalent de 120 kilocalories par jour et par personne pourrait ainsi être perdu. “A +3ºC de réchauffement, cela équivaudrait à ce que chaque personne sur Terre arrête de prendre un petit déjeuner”, résume Andrew Hultgren, économiste de l’université de l’Illinois (Etats-Unis) et premier auteur de l’étude. Est-on prêts à en arriver là ?

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