Publié le 13 juin 2025

Alors que la France connaît un pic de chaleur jamais vu depuis 10 ans pour un mois de juin, les assureurs estiment que les canicules à répétition deviennent un risque de plus en plus important, avec des impacts sur toutes leurs lignes de produits. Maladies, dommages aux infrastructures, mais aussi conditions de travail sont en première ligne, obligeant les entreprises à revoir leur organisation pour y faire face.

La chaleur monte en France et devrait encore persister la semaine prochaine, avec des températures dépassant les 30°C sur une grande partie du pays et des effets particulièrement difficiles sur les conditions de travail dans certaines professions. Des agents du service de ramassage des déchets à Niort (Deux-Sèvres) ont ainsi entamé une grève pour obtenir le droit de travailler en short pendant les fortes chaleurs, sur les mois allant de mai à septembre, ce que leur direction refuse par mesure de sécurité.

Les entreprises vont en effet devoir se pencher sur les effets de la chaleur sur leur activité. Un décret du 27 mai dernier a mis en place de nouvelles obligations pour les employeurs qui, à partir du 1er juillet 2025, devront prendre des mesures de préventions en cas de dépassement de seuils de vigilance. Parmi les mesures citées par le décret, se trouvent notamment l’adaptation des horaires de travail, l’aménagement des postes de travail, la mise à disposition d’eau fraîche, la mise en place de moyens technique de réduction de la chaleur, ou encore le choix d’équipements de travail appropriés. En 2024 déjà, un décret concernant le secteur du BTP venait ajouter la canicule sur la liste des intempéries reconnues en France comme un motif de chômage technique pour les ouvriers.

Plus de décès que les inondations, les tremblements de terre et les ouragans

Les canicules à répétition deviennent un risque de plus en plus complexe à gérer et pèsent tant sur les employeurs que sur le monde de l’assurance. Une étude réalisée par Swiss Re et publiée le 12 juin, souligne que les épisodes de chaleur extrême entraînent davantage de décès que les inondations, les tremblements de terre et les ouragans réunis. “Jusqu’à un demi-million de personnes au niveau mondial succombent chaque année aux effets de la chaleur extrême“, indique le réassureur suisse dans un communiqué. Les épisodes de chaleur extrême se produisent avec une “plus grande sévérité, fréquence et durée“, ajoute-t-il.

L’année 2024 a été classée par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) comme l’année la plus chaude jamais enregistrée, avec notamment les trois jours les plus chauds enregistrés au mois de juillet. Elle est ainsi la première année à avoir dépassé le seuil symbolique des 1,5°C de réchauffement climatique. Et la tendance ne va pas en s’améliorant. Le mois de mai 2025 a été le deuxième mois de mai le plus chaud juste derrière le mois de mai 2024, avec une température moyenne sur la planète de 1,4°C plus élevée que la moyenne de l’ère préindustrielle. L’OMM estime désormais qu’il existe une probabilité non nulle, même si encore très faible, qu’au moins une des cinq prochaines années franchisse la barre des 2°C de réchauffement.

Tous les produits d’assurance affectés

Ces vagues de chaleur affectent quasiment tous les produits d’assurance, constate le réassureur suisse. D’abord les assurances vie et maladie, les effets du stress thermique faisant courir un risque accru de maladie cardiovasculaire ou respiratoire, notamment sur les personnes les plus vulnérables comme les personnes âgées, les femmes enceintes. Mais aussi l’assurance accident puisqu’elles augmentent les risques pour les personnes travaillant à l’extérieur, par exemple sur les chantiers.

Elles font également bondir les risques d’incendies, ainsi que les risques de défaillance de centres de données qui sont très sensibles aux températures, de problèmes d’approvisionnement en eau, ou encore les risques de dommages aux infrastructures avec notamment les fissures sur les routes,  la déformation des voies dans le transport ferroviaire, la dilatation de câbles électriques, les coupures de courants… soit autant de risques qui pèsent sur l’assurance dommages. La chaleur extrême touche également l’assurance automobile, notamment avec les risques pour la durée de vie des batteries au lithium-ion des véhicules électriques ou encore les produits de couverture des récoltes agricoles.

Avec une tendance claire allant dans le sens de vagues de chaleur plus longues et plus élevées, il est important de mettre en lumière leur véritable coût pour la vie humaine, l’économie, les infrastructures, l’agriculture et le système de santé“, commente Jérôme Haegeli, chef économiste de Swiss Re, cité dans le communiqué. Le groupe, qui sert d’assureur aux assureurs, publie chaque année une étude appelée Sonar qui répertorie les risques grandissants auxquels les compagnies d’assurance doivent prêter attention. Les canicules étaient jusqu’à maintenant considérées comme un “péril invisible” car leurs impacts étaient moins évidents que ceux des autres catastrophes naturelles. Ce n’est désormais plus le cas.

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