Publié le 3 avril 2025

La vague “BoycottUSA” déferle aussi en France. Après les annonces de Donald Trump sur l’augmentation des droits de douane ou les coupes budgétaires dans des organes scientifiques majeurs, l’idée de boycotter les grandes enseignes américaines fait aussi son chemin de ce côté-ci de l’Atlantique. Près d’un Français sur trois est prêt à passer à l’action.

Les marques emblématiques américaines vont-elles payer le prix fort du retour au pouvoir de Donald Trump ? Choqués par la politique agressive en matière commerciale ou encore le déploiement de mesures d’extrême-droite, les Canadiens, les Scandinaves et désormais les Français ont décidé de passer à l’action. Comment ? En soutenant les appels au boycott des entreprises américaines.

“Marre de financer les dérives impérialistes américaines ? Passez à l’action”, peut-on notamment lire sur la page Facebook du groupe “BOYCOTT USA : achetez français et européen !”. Depuis plusieurs semaines, près de 26 000 abonnés s’échangent des conseils et des listes de produits à bannir de leurs placards. Et cette tendance va au-delà de la sphère des réseaux sociaux. Selon un récent sondage Ifop pour le site touristique NYC.fr, 62% des Français interrogés soutiennent les appels au boycott des entreprises américaines et près d’un Français sur trois (32%) affirme boycotter actuellement un ou plusieurs produits d’une marque ou d’une entreprise américaine.

“Elon go home” : l’empire Musk dans le viseur

Quelles sont les principales marques d’ores et déjà boycottées par les Français ? Sans grande surprise, c’est Coca-Cola qui rafle la première place des produits les plus boycottés. Un “boycotteur” sur deux a indiqué qu’il n’en consommait plus. Juste derrière, la célèbre chaîne de restauration rapide McDonald’s fait également les frais de cette contestation. 44% des Français interrogés ont annoncé ne plus y manger. Quelques places derrière, d’autres enseignes de la restauration rapide sont citées, comme Starbucks (15%) et KFC (12%).

“Les secteurs les plus affectés par le boycott sont ceux où les produits sont les plus facilement substituables par des alternatives non américaines”, précise l’étude. Mais le boycott concerne également des marques “symboles de la consommation de masse américaine (soda, fast-food), mais aussi celles associées à des personnalités proches de Donald Trump, comme Elon Musk pour Tesla”.

L’étude place “indiscutablement l’empire entrepreneurial d’Elon Musk comme la principale cible du mouvement #BoycottUSA”. Résultat : les entreprises d’Elon Musk paient le prix fort. Près d’un Français sur deux a la ferme intention de boycotter Tesla. Et la situation est quasiment identique pour son réseau social X, avec 40% d’intentions de boycott. Ces données, comme le note le sondage, “vont en tout cas dans le sens de la chute des ventes de voitures Tesla (-45% en Europe en janvier 2025 par rapport à janvier 2024) dans un marché des voitures électriques pourtant à la hausse”.

L’image des États-Unis s’effondre auprès des Français

À cela s’ajoute la dégradation historique de l’image des États-Unis auprès des Français. C’est la première fois depuis 40 ans que la cote de sympathie envers les États-Unis atteint son niveau le plus bas. Seulement 25% des Français expriment aujourd’hui une opinion positive envers le pays de l’Oncle Sam, contre 65% en 2010 sous la mandature de Barack Obama. Et l’attractivité du pays en prend également un sacré coup. Seuls 22% des Français envisagent d’y étudier et 20% d’y travailler. “Des chiffres en baisse de moitié par rapport à 2010”, signale l’étude. Le potentiel touristique des États-Unis s’érode également, avec une baisse de 4 points depuis 2022, à l’exception de la ville de New York. Tandis que le Canada, pays voisin, voit son potentiel touristique bondir de 10 points (72%, contre 62 % en 2022), tout comme des destinations plus “chaudes” comme le Mexique (+4 points, à 46%) ou Cuba (+6 points, à 43%).

Cette méthode de contestation, très peu utilisée en France, est avant tout un puissant outil politique face à un pays agressif. Et c’est bien ce dernier point qui motive réellement ces Français. À travers ces appels au boycott, ils souhaitent pour 62% d’entre eux s’opposer à la politique de Trump, soutenir les entreprises et l’emploi français (62%), défendre les intérêts économiques européens (56%) et protester contre les politiques “Diversité, équité et inclusion” (DEI) des entreprises américaines (44%).

Reste à savoir maintenant si les habitudes de consommation des Français vont réellement changer. “Il y a une différence entre ce que les gens disent dans les sondages et la pratique”, a rappelé Benoît Heilbrunn de la Fondation Jean Jaurès au quotidien Libération, ajoutant que les “discours” sur la consommation ne touchent qu’une “partie minoritaire de la population qui a les moyens de changer ses habitudes”.

Découvrir gratuitement l'univers Novethic
  • 2 newsletters hebdomadaires
  • Alertes quotidiennes
  • Etudes