L’affaire remonte à plus de dix ans, mais elle continue d’empoisonner le groupe Stellantis. Le constructeur franco-italo-américain a dû appeler ses clients, propriétaires de Citroën C3 et DS3 immatriculées entre 2008 et 2013 et localisés au nord d’une ligne Lyon-Clermont-Ferrand, à immobiliser totalement leurs véhicules. En cause, des airbags défectueux qui menacent d’exploser et qui doivent être remplacés rapidement. Ils ont déjà causé de graves blessures à des automobilistes en France et provoqué une douzaine de décès principalement en Outre-mer.
Les airbags ont été produits par l’entreprise Takata, un équipementier japonais déclaré en faillite en 2017, qui a employé une technologie risquée pour déployer les airbags à base de nitrate d’ammonium. Des tests ont montré que les propriétés de l’agent chimique avaient tendance à se dégrader en fonction des conditions climatiques chaudes et humides. Takata a fourni près de 200 millions de ces airbags défectueux dans le monde, à plusieurs constructeurs dont Citroën.
De nombreux rappels déjà en cours
La marque française à déjà procédé à de nombreux rappels de ses véhicules, une campagne d’immobilisation dite de “stop drive” ayant été lancée début 2024 dans le sud de l’Europe et au Maghreb, ainsi qu’en Outre-mer. Des tests effectués en Loire-Atlantique ont montré qu’il fallait étendre cette campagne de rappel au reste de la France. Le ministère des Transports a précisé cependant qu’il avait demandé dès le mois de décembre 2024 à Stellantis de lancer cette campagne stop drive pour les C3 et DS3 dont “la durée de vie sûre” était “inférieure à l’âge du véhicule“.
Depuis avril 2024, dans le cadre de la première vague de rappel, plus de 400.000 voitures ont été réparées, sur les 530.000 Citroën C3 et DS3 vendues entre 2009 et 2019 dans les zones concernées. Les véhicules vendus entre 2014 et 2019 dans le nord de la France et d’autres pays d’Europe (Allemagne, Autriche, Suisse… pour un total de 869.000 véhicules) feront l’objet de prochaines vagues de rappel, mais sans immobilisation, précise Stellantis. Le constructeur avait dû augmenter l’année dernière la production de nouveaux airbags pour pouvoir effectuer le remplacement. Selon le groupe, il dispose désormais de stocks suffisants pour permettre aux concessionnaires de les installer immédiatement.
Des plaintes contre Stellantis
Cette affaire illustre les risques ESG qui pèsent sur le constructeur automobile. Plusieurs plaintes ont été déposées par des automobilistes dans l’affaire des airbags défectueux, dont une au pénal pour “mise en danger de la vie d’autrui” et “pratiques commerciales trompeuses”. Une action collective a par ailleurs été ouverte en juillet 2024 jusqu’en juin 2025, notamment en raison de la lenteur des rappels. Ils reprochent également au constructeur des campagnes publicitaires vantant la sécurité des véhicules, malgré le risque posé par ces airbags.
La course à la réduction des coûts dans l’industrie automobile explique aussi en partie le scandale des airbags, le fournisseur japonais ayant admis que la production dans son usine mexicaine, d’où provenaient les airbags défectueux, n’ayant pas observé les contrôles de qualité nécessaires. Stellantis n’est pas le seul groupe automobile concerné par le risque posé par les airbags, Volkswagen, Nissan, BMW ou encore Toyota entre autres, ont rappelé des millions de véhicules équipés de ces airbags dangereux, avec des campagnes de rappels encore en cours aujourd’hui.
Le coût pour les constructeurs de ces campagnes de rappel se révèle par ailleurs astronomique, chaque marque devant identifier les véhicules concernés, se charger de les faire revenir en concession pour remplacer la pièce dangereuse. Dans une interview au Parisien, Thierry Koskas, directeur général de Citroën, déclare ainsi avoir provisionné 940 millions d’euros pour le rappel de 9 millions de voitures disposant d’airbags Takata.