Au moins 24 personnes ont péri dans les incendies qui encerclent Los Angeles depuis près d’une semaine. Des incendies qui devraient se révéler historiques de par leur ampleur et leur coût. Quelque 10 000 bâtiments ont été détruits par les feux de Hurst, Eaton et Palisades, 180 000 personnes ont été évacuées, et près de 145 km² ont été brûlés. Le retour des vents chauds et secs, qui avaient attisé les flammes la semaine dernière, font craindre un alourdissement du bilan. La facture de ces incendies, qui pourraient être les plus importants de la Californie, se chiffre déjà en centaines de milliards de dollars.
Selon Accuweather, une société de prévision météorologique, elle pourrait atteindre des sommes comprises entre 135 et 150 milliards de dollars. “Les dégâts totaux et les pertes économiques engendrés par ces incendies pourraient atteindre 4% du PIB annuel de l’Etat de Californie“, explique dans un communiqué Jonathan Porter, le chef météorologiste d’Accuweather, qui n’exclut pas de devoir réviser ces chiffres à la hausse. Ces derniers prennent en compte tant les dégâts matériels sur les maisons, les entreprises et les infrastructures, que le coût financier des évacuations, les dépenses pour fournir des abris de fortune aux citoyens, les futurs frais de santé en raison des fumées d’incendies, et jusqu’aux coûts de reconstruction.
Plusieurs milliards de dollars de pertes assurées
Vu la zone dans laquelle se situent les incendies, en pleine agglomération et en partie dans des quartiers huppés aux résidences valant plusieurs millions de dollars, le montant des pertes assurées devrait lui aussi grimper. Les analystes de la banque JP Morgan l’estimaient à 10 milliards de dollars le 8 janvier, mais ils ont dû doubler leurs estimations dès le lendemain, selon le Financial Times. Ils prévoient désormais 20 milliards de dollars de pertes assurées, sur 50 milliards de dollars de pertes économiques. L’agence de notation Morningstar DBRS estime de son côté les pertes assurées à 8 milliards de dollars.
Ces montants dépassent déjà ceux engendrés par les mégafeux de 2018, qui avaient ravagé la Californie et entraîné la faillite de PG&E, l’énergéticien américain accusé d’être à l’origine des feux de forêts. PG&E est connue pour être l’une des premières entreprises à faire faillite en raison des impacts physiques du réchauffement climatique. Plusieurs grandes compagnies d’assurance, comme State Farm et Allstate ont ainsi commencé dès les années 2022-2023 à réduire leur exposition au marché de l’assurance habitation californienne, citant les feux de forêts, les autres risques naturels ainsi que des contraintes réglementaires pour expliquer leur décision.
Crise de l’assurance et de l’immobilier
Dans un rapport publié début janvier, des chercheurs de Freddie Mac, la société américaine spécialisée dans les prêts hypothécaires, démontrent, données à l’appui, le lien entre les pertes liées aux incendies de 2018 et le départ des compagnies d’assurance. Les zones les plus touchées sont ainsi désormais moins couvertes par les assureurs et, pour ceux qui trouvent néanmoins à s’assurer, le coût des primes est monté en flèche. Les conséquences sur le marché immobilier se font déjà sentir, selon les chercheurs. Ils observent que les habitants des zones à risques, lorsqu’ils souhaitent déménager, ont tendance à chercher dans des zones moins exposées.
Immobilier américain : le changement climatique menace de faire exploser le marché
Les nombreux foyers d’incendies autour de Los Angeles devraient relancer cette crise de l’assurance en Californie, qui pourrait se doubler à terme d’une crise de l’immobilier. “Les familles et les entreprises doivent pouvoir acheter de l’assurance à un taux raisonnable, mais les compagnies d’assurance ne peuvent pas continuer à absorber pertes énormes après pertes énormes, résume Jonathan Porter, d’Accuweather. C’est un problème majeur dont la société doit se préoccuper dans un monde où les impacts des événements météorologiques extrêmes augmentent.” L’accessibilité des polices d’assurance habitation risque de devenir de plus en plus difficile et, selon Morningstar CBRS, pousser de plus en plus de Californiens à ne plus du tout assurer leur maison en raison des coûts trop élevés.