Publié le 18 novembre 2024

La COP29 entre dans sa seconde semaine. Sur le fond, les avancées ont été quasi-nulles la semaine dernière, les différents sujets étant pris en otage par le blocage sur l’objectif climatique. On peut aussi retenir le boycott de la France ou encore l’appel à réformer les COP par plusieurs leaders climatiques.

  • Des négociations au point mort :

De l’avis de la plupart des observateurs, les avancées obtenues à ce jour sont quasi nulles. Si la COP29 a démarré fort, en adoptant dès le premier jour les règles d’un nouveau marché carbone, placé sous l’égide de l’Onu (article 6.4 dans le jargon de l’Accord de Paris), il reste plus de 100 sujets à l’agenda, comme le résume le graphique édifiant ci-dessous, produit par nos confrères de Carbon Brief. La moitié d’entre eux n’ont même pas encore fait l’objet d’une proposition de texte. “Rarement il y a eu si peu d’avancées à une COP, mais on savait que celle-ci serait particulièrement difficile”, note Marta Torres Gunfaus, directrice climat de l’Iddri.

Etat d’avancement des négociations à la fin de la première semaine à la COP29 de Bakou. @Carbon Brief

“Il faut que les négociations commencent enfin, lance Chiara Martinelli, directrice du Climate action network Europe. Tout est bloqué parce que la finance est bloquée”. Atténuation, adaptation, bilan mondial, pertes et dommages ou questions de genre, “tous les autres sujets sont pris en otage, il faut sortir du dilemme sinon on ne va pas y arriver”, ajoute-t-elle inquiète. Les négociations sur un “nouvel objectif collectif quantifié” (“New collective quantified goal”, NCQG) sont toujours enlisées. Nous sommes passés d’un texte de 9 pages à plus de 30 pages, finalement réduit à 25 pages dans sa dernière version sans toutefois que les points clés n’aient été tranchés. “Clairement nous sommes encore très loin d’un point d’accord”, a pointé Jacob Werksman, le négociateur en chef de l’Union européenne. Mais tout n’est peut-être qu’une question de point de vue. Mohamed Hamel, secrétaire général du Forum des pays exportateurs de gaz, a quant à lui salué “la coordination exceptionnelle et les dispositions méticuleuses” ainsi que “les réalisations de la COP29 jusqu’à présent”.

  • Les bons et les mauvais élèves

Trois pays – les Émirats arabes unis, le Brésil et le Royaume-Uni – ont présenté de nouveaux objectifs climatiques connus sous le nom de contributions déterminées au niveau national (NDC), avant l’échéance de février 2025, fixée par l’ONU. Si la trajectoire du Royaume-Uni a été saluée, les deux autres sont encore perfectibles. Avant la COP, un rapport de l’ONG Oil change international estimait que les Emirats arabes unis, l’Azerbaïdjan et le Brésil, hôtes respectifs des COP28, COP29 et COP30, allaient augmenter leur production fossile de 32% d’ici 2035. L’Azerbaïdjan, qui devait se plier à l’exercice pendant la COP, ne l’a en revanche toujours pas fait. En ouverture du sommet, le président de l’Azerbaïdjan a qualifié le pétrole et le gaz de “don de Dieu”. De quoi donner le ton.

  • Le boycott de la France

Alors que les ministres sont en train d’arriver à Bakou pour cette seconde semaine de négociations, Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition écologique, a annoncé qu’elle ne ferait pas le déplacement. En cause, les attaques du président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, contre Paris depuis la tribune de la COP29. Il a dénoncé l’histoire coloniale de la France et parlé de “crimes” du “régime du président Macron” dans ses territoires d’outre-mer. Un fait assez inédit dans cet espace onusien dédié au climat. “Cela ne change pas la position de la France dans les négociations, ni n’a d’impact sur le mandat ou la taille de la délégation ici à Bakou pour répondre aux grands défis sur la table de la COP29. Même si la représentation du pays sera réduite lorsque des compromis politiques seront élaborés, la France continuera à contribuer à la position de l’UE et au processus”, a commenté Lola Vallejo, de l’ Iddri. Cet incident révèle le niveau de tension extrêmement élevé au sein de la COP, dans un contexte de guerres et de réélection de Donald Trump. Les regards sont désormais tournés vers Rio où se tient le sommet du G20. “Il faudra lire entre les lignes pour voir si l’attachement au multilatéralisme et à l’Accord de Paris sera réaffirmé“, pointe Lola Vallejo.

  • L’appel à réformer les COP

Dans ce contexte, plusieurs leaders climatiques – dont l’ancien secrétaire général de l’ONU Ban-Ki Moon, l’ancienne responsable du climat de l’ONU Christiana Figueres et l’ancienne présidente de l’Irlande Mary Robinson – ont appelé dans une lettre ouverte à réformer les COP. “Si les 28 COP nous ont permis d’envisager une sortie progressive des énergies fossiles, la structure actuelle de ces sommets, ne permet tout simplement pas de réaliser le changement à une vitesse et à une échelle exponentielle, ce qui est essentiel pour garantir un atterrissage climatique sûr pour l’humanité”, écrivent-ils. “Nous devons passer de la négociation à la mise en œuvre”, ajoutent-ils. Ils réclament notamment qu’un pays ne soit pas en mesure d’accueillir des négociations de l’ONU sur le climat s’il ne soutient pas l’élimination progressive des combustibles fossiles.

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