Alors que la France avait les yeux rivés sur l’annonce du nouveau gouvernement de Michel Barnier ce week-end, de l’autre côté de l’Atlantique, les Etats membres de l’ONU ont adopté par consensus, dimanche 22 septembre, le Pacte pour l’avenir. Un “accord historique” pour relancer le multilatéralisme, miné par les guerres et le changement climatique, et poser les bases d’un “ordre mondial durable, juste et pacifique”, selon Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, à l’initiative du Sommet pour l’avenir, organisé à New York les 22 et 23 septembre. “Nous ne pouvons pas construire un avenir pour nos petits-enfants avec un système construit pour nos grands-parents”, avait-il argué en amont de l’événement.
“Accord international le plus vaste depuis de nombreuses années, couvrant des domaines entièrement nouveaux ainsi que des questions sur lesquelles aucun accord n’a été possible depuis des décennies, le Pacte vise avant tout à garantir que les institutions internationales puissent tenir leurs promesses face à un monde qui a radicalement changé depuis leur création”, explique l’Onu dans un communiqué de presse.
Le Pacte couvre ainsi un large éventail de questions plus que jamais au cœur de l’actualité, comme la paix et la sécurité, le développement durable, le changement climatique, la coopération numérique, les droits humains, le genre, la jeunesse et les générations futures, et la transformation de la gouvernance mondiale.
Sortie des énergies fossiles
En négociation depuis de nombreux mois, un succès était loin d’être emporté. “Le sort du pacte a été remis en question jusqu’au dernier moment. Il y avait tellement de suspense que António Guterres avait préparé trois discours, un pour l’approbation, un pour le rejet et un si les choses n’étaient pas claires”, a ainsi déclaré le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric.
L’un des points de crispation portait notamment sur les énergies fossiles. Dans l’un des projets de texte, la mention de leur abandon progressif avait ainsi été retirée, puis finalement réintégrée face à la gronde de plusieurs Etats et de la société civile. “Les pétro-États ont tenté de faire dérailler le Pacte pour l’avenir, mais le résultat de la COP28, à savoir l’abandon des combustibles fossiles et le triplement des énergies renouvelables, est toujours d’actualité et constitue la nouvelle norme dont nous avons désespérément besoin”, s’est réjoui dans un communiqué de presse Andreas Sieber, directeur adjoint des politiques et des campagnes chez 350.org.
En plus de mentionner la transition vers l’abandon des combustibles fossiles et de rappeler l’objectif de 1,5°C de l’Accord de Paris, le Pacte pour l’avenir met également l’accent sur le financement du développement. Il revient ainsi sur la nécessité de réformer l’architecture financière internationale afin qu’elle “représente et serve mieux les pays en développement”. Parmi les actions indiquées, il y a le besoin de mobiliser davantage de financements auprès des banques multilatérales de développement, réviser l’architecture de la dette souveraine ou encore renforcer le filet de sécurité financière mondial pour protéger les plus pauvres en cas de chocs financiers et économiques.
Test décisif
Si le document n’est évidemment pas contraignant, il donne toutefois le ton pour les rendez-vous à venir. Le Sommet de l’avenir constituait le dernier grand sommet de l’ONU avant le G20 au Brésil et la COP29 sur le climat de Bakou, en Azerbaïdjan, tous deux organisés en novembre. Des échéances sont également attendues à plus court terme, lors de l’Assemblée générale des Nations unies, qui se tient toute la semaine. “Les dirigeants et les ministres doivent s’engager dans les prochains jours à traduire concrètement les résultats de la COP28 et du Pacte pour l’avenir dans leurs objectifs et leurs politiques nationales lors du tout premier Sommet mondial sur les énergies renouvelables, du segment de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies et de l’événement de haut niveau de la troïka de la COP (qui regroupe les Emirats arabes unis, l’Azerbaïdjan et le Brésil, ndr)”, appelle l’ONG 350.org.
L’autre test décisif sera l’évaluation des plans nationaux pour le climat – les contributions nationales déterminées, NDC 3.0 – qui doivent intégrer les objectifs à 2035 des Etats et qui doivent être remis d’ici février 2025. Ce sont ces documents qui détermineront si la neutralité carbone pourra ou non être atteinte d’ici 2050. Après la parole, les gouvernements du monde entier vont donc devoir passer aux actes. “Ce qui détermine notre succès – ou échec, ce n’est pas l’adoption d’accords, mais bien nos actions et leur impact sur la vie des populations que nous servons”, a rappelé le Secrétaire général.