Alors que les Jeux Olympiques touchent à leur fin, Novethic dresse un podium un peu différent de ceux que nous avons pris l’habitude de voir ces derniers jours. Ces JO, qui devaient être les plus “écolos” de l’histoire, ont aussi été ceux du greenwashing. Voici notre podium :
🥇Médaille d’Or : Coca-Cola, toujours plus de plastique
“Paris 2024 a commencé, alors faites la fête avec Coca-Cola“. Pas si simple. Alors que le partenaire officiel des Jeux Olympiques s’était engagé à réduire l’utilisation de plastique à usage unique pendant la compétition, il n’en est rien. Le plastique est roi. Du Stade de France à l’Arena Bercy, si vous souhaitez vous désaltérer, il vous faudra attendre patiemment devant les stands Coca-Cola pour que l’on vous remplisse votre gobelet consigné à 2 euros avec des … petites bouteilles en plastique.
Pour preuve, ces vidéos qui pullulent depuis 10 jours sur les réseaux sociaux. “Je ne suis pas du genre à blâmer les marques imparfaites qui tentent de s’améliorer mais quand j’ai l’impression qu’on me prend pour une idiote, j’ai du mal à garder le sourire”, témoigne sur Linkedin Ingrid Vanhée, ancienne directrice Développement et Stratégie chez Citéo. A croire, dit-elle, que Coca veut gagner “la médaille d’or du greenwashing”.
Ubuesque 😤
Une perte de temps, d’énergie et surtout une ÉNORME quantité de plastique greenwashing version Coca-Cola.@FNEasso avait tiré la sonnette d’alarme à ce sujet il y a quelques semaines, aucune leçon tirée. https://t.co/Nf8TmmDnk2
— Marine Tondelier (@marinetondelier) July 30, 2024
Pour sa défense, le géant américain a expliqué vendredi 2 août qu’il lui fallait trouver les “meilleures conditions de sécurité et de qualité alimentaire”, mais aussi “s’adapter à chaque site et à ses contraintes techniques et logistiques”, citant parmi celles-ci les arrivées d’eau et d’électricité, la “surface disponible”, ou l’“espace de stockage”. Par ailleurs, il assure que près de 10 millions de boissons, soit “plus de la moitié” de l’ensemble de celles servies au grand public, le seront “sans plastique à usage unique”. Au total, près de 10 millions de petites bouteilles en plastique devraient être écoulées pendant ces Jeux Olympiques, et 13 millions d’Ecocups ont d’ailleurs été produites à cet effet.
🥈Médaille d’Argent : A Tahiti, un paquebot de luxe en guise de village olympique
A Tahiti, les athlètes ne poseront pas le pied à terre. Les surfeurs qualifiés pour les JO sont logés non pas dans les nombreux hôtels que compte l’île polynésienne, mais à bord d’un paquebot de luxe, l’Aranui 5. A son bord, les athlètes pourront profiter de la piscine, du restaurant, de ces quatre bars, et même du salon de tatouage. A l’origine, un hôtel proche de Teahupoo, fermé depuis 26 ans, avait été envisagé mais les travaux de rénovation n’ont pu être réalisés dans les temps. L’organisation s’est donc rabattue sur cette solution coûteuse à la fois d’un point de vue économique – l’opération s’élève à plus de 3,5 millions d’euros, entièrement financés par la Polynésie française – mais aussi écologique.
Por primera vez en la historia, hay una Villa Olímpica flotante en los Juegos Olímpicos. Se trata del barco Aranui 5, que estará anclado frente a la costa de TAHITÍ, a 15.000 km de París, lugar en donde se realizarán las competencias de SURF. pic.twitter.com/VNjIwNqIkT
— Felipillo 🇨🇱 (@felipillouch) July 24, 2024
Car même s’il est prévu que des groupes électrogènes prennent le relais au mouillage pour limiter l’usage des moteurs, la pollution de ce type de paquebot reste très élevée. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que Tahiti est épinglée. Afin de filmer correctement les épreuves de surf, les organisateurs de la compétition ont fait ériger une tour d’observation en plein milieu d’un récif corallien, alors qu’une tour des juges existait déjà.
🥉Médaille de Bronze : un bain glacé extrêmement coûteux pour l’environnement
650 tonnes ! C’est la quantité de glace commandée par les fédérations sportives du monde entier pour assurer la récupération de leurs athlètes pendant ces JO. C’est dix fois plus de glace que lors de la précédente compétition olympique à Tokyo en 2021. La raison d’une telle explosion est la cryothérapie, ou traitement par le froid, dont les athlètes raffolent pour récupérer plus rapidement. Mais la pratique est contestée par les auteurs d’un article publié dans la revue médicale British Journal of Sports Medicine, en date du 25 juillet.
⚠️ Ice challenge in recent summer olympic games ❄️
NEW #Editorial covering:
1️⃣ The rising consumption of ice 📈
2️⃣ When to use post exercise cold water immersion💧
3️⃣ The environmental impact 🌍#FREE READ 👉 https://t.co/EsoO99B0CG pic.twitter.com/uXgJQwYsbn
— British Journal of Sports Medicine (BJSM) (@BJSM_BMJ) July 29, 2024
“Outre les défis logistiques liés à la production, au transport et au stockage, la glace est souvent utilisée pour obtenir des avantages qui ne sont pas fondés sur des preuves”, note l’équipe internationale dirigée par des chercheurs de l’université de Montpellier. “Plus important encore, la glace pourrait avoir l’effet inverse de celui escompté, comme une régénération tissulaire retardée ou une récupération altérée“, ajoutent-ils. Et cela risque de coûter très cher à la planète. Selon les auteurs de l’étude, “l’utilisation de la glace lors des Jeux olympiques d’été (…) risque de mettre à rude épreuve les ressources locales et régionales”. A sa production, il faut également ajouter le coût de son transport et de son stockage.