Publié le 11 juillet 2024

C’est une première ! CNews vient d’être sanctionnée financièrement pour avoir permis à l’un de ses invités de défendre une thèse controversée sur l’origine humaine du changement climatique, sans qu’aucune contradiction n’ait été apportée. Pour la première chaîne d’info en continu de France, cette sanction tombe au pire moment.

La lutte contre le climatoscepticisme dans les médias audiovisuels vient d’obtenir une victoire historique. La chaîne d’informations en continu CNews, propriété du milliardaire Vincent Bolloré, vient d’être sanctionnée par l’Arcom, le gendarme de l’audiovisuel, pour des propos climatosceptiques. “C’est la première fois en France et à l’international que l’Arcom ou une autorité de régulation émet une sanction financière pour un manquement concernant un sujet environnemental”, pointe Quota Climat, qui milite pour augmenter la place de l’écologie, du climat et de la biodiversité dans l’espace médiatique.

Le 8 août 2023, le collectif avait ainsi saisi l’Arcom concernant une séquence de l’émission “Punchline Eté”, consacrée au mois de juillet 2023 le plus chaud jamais enregistré. Durant celle-ci, l’économiste Philippe Herlin, soutien du candidat d’extrême-droite Eric Zemmour lors de la campagne présidentielle de 2022 et partisan d’une liste antitransition énergétique aux élections européennes de 2024, partage des thèses climatosceptiques sans la moindre contradiction.

Le réchauffement climatique anthropique est un mensonge, une escroquerie. (…) Nous expliquer que c’est à cause de l’Homme ça non, ça c’est de l’ordre du complot, et pourquoi ça a autant de poids ? Parce que ça justifie l’intervention de l’Etat dans notre vie, et ça absout l’Etat de devoir diminuer ses dépenses publiques. (…) C’est une forme de totalitarisme”, conclut Philippe Herlin après un long discours qui n’a à aucun moment suscité de réaction de la part des autres personnes présentes en plateau.

Thèse controversée, aucune contradiction

Pour l’Arcom, cela constitue un “manquement” aux obligations de la chaîne qui “est tenu[e] d’assurer une présentation honnête des questions prêtant à controverse, en particulier en assurant l’expression des différents points de vue”. “L’intervenant a pu exprimer une thèse controversée et non vérifiée par les données acquises de la science sans que la position qu’il défendait ne soit mise en perspective et sans qu’une contradiction sur ce sujet ne soit exprimée à la suite de ces propos”, explique le gendarme de l’audiovisuel dans sa décision. En conséquence, l’Arcom a sanctionné financièrement CNews d’une amende à hauteur de 20 000 euros.

Cette sanction intervient quelques jours seulement après la mise en garde, par l’Arcom toujours, de Sud Radio pour la minimisation du consensus scientifique dans une de ses émissions le 29 mai 2024. “Cette nouvelle décision donne à nouveau la primauté au consensus scientifique et offre une jurisprudence essentielle à la lutte contre le climatoscepticisme dans les médias audiovisuels, se réjouit Quota Climat. Le climatoscepticisme n’est dès lors plus considérée comme une opinion, mais devient officiellement considéré comme de la désinformation – un risque systémique à combattre, y compris dans les médias”.

Pour CNews, régulièrement tancée par l’Arcom, le contexte est délicat. Sa fréquence, comme celle de quatorze autres de la télévision numérique terrestre (TNT), est remise en jeu pour 2025. L’Arcom, qui a le pouvoir de retirer sa fréquence à une chaîne en cas de manquements graves à ses obligations, va-t-elle appliquer cette sanction considérée comme “suprême”, alors que CNews est pour le deuxième mois consécutif la première chaîne d’info en continu de France devant BFMTV ?

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