Or, la France justement a déjà autorisé par deux fois des dérogations pour la filière betterave et s’apprêtait à faire de même pour l’année 2023, remettant en cause le caractère exceptionnel de ces dérogations. Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a finalement mis fin au suspens lors d’un point presse lundi 23 janvier. “Je n’ai aucune intention de balader les agriculteurs et en particulier ceux qui sont inquiets”, a fait valoir le ministre, cité par l’AFP. Concernant la troisième dérogation, il commente : “C’est terminé pour cet élément là, la décision de la Cour de justice est suffisamment puissante pour ne pas instabiliser encore plus le système”.
Coup de tonnerre
C’est donc un revirement. Le ministre de l’Agriculture avait en effet déclaré lors de l’Assemblée générale de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) en décembre dernier vouloir “prolonger la dérogation”. Si la France se positionnait ainsi c’est que la filière betterave est particulièrement impactée par cette interdiction.
En 2020, certaines cultures ont ainsi été ravagées par la jaunisse. Les parcelles les plus touchées ont perdu jusqu’à 40 % de leur rendement, mettant la filière à genoux. Sur France Info, Christophe Buisset, vice-président de la chambre d’agriculture de la Somme, s’insurgeait contre l’arrêt européen : “Comment voulez-vous aller protéger des betteraves contre des pucerons si on n’a pas d’insecticides ? C’est comme soigner la grippe sans vaccin”, a-t-il commenté.
La France n’est pas la seule à avoir mis en place des dérogations au sein de l’Union européenne. C’est le cas de la Belgique, qui a délivré six autorisations d’utilisations des néonicotinoïdes, de la Roumanie, l’Allemagne ou encore la Pologne. Or l’arrêté est clair : aucun État membre ne peut déroger aux interdictions de ces pesticides “tueurs d’abeille”.
“La fin définitive d’un écocide”
Pour rappel, les géants de l’agrochimie Bayer (qui a racheté Monsanto) et Syngenta avaient déposé un recours contre l’Union européenne sur cette question. En mai 2021, la Cour de justice européenne avait tranché et confirmé l’interdiction des néonicotinoïdes concernés.
Marina Fabre Soundron @fabre_marina