Publié le 28 janvier 2021
Pourra-t-on bientôt trouver des insectes dans nos assiettes ? L'Autorité européenne de la sécurité des aliments vient de donner son feu vert à l'utilisation dans l'alimentation humaine des "vers de farine". C'est une première en Europe et une avancée majeure pour les professionnels du secteur. Les insectes, bien moins polluants que l'élevage d'animaux, présentent des atouts nutritifs et écologiques majeurs pour nourrir 10 milliards d'êtres humains en 2050. 

C’est une révolution dans le monde agroalimentaire. Pour la première fois, l’Autorité européenne de la sécurité des aliments (EFSA) a rendu un avis favorable à l’utilisation dans l’alimentation humaine d’un insecte, le Scarabée Molitor. L’EFSA a conclu que les larves du ténébrion, aussi appelées "ver de farine", pouvaient être consommées sans danger "soit sous forme d’insecte entier séché, soit sous forme de poudre", après une demande de l’entreprise française d’élevage d’insectes Agronutris."Leur consommation ne présente aucun inconvénient sur le plan nutritionnel", ont souligné les experts, mais des recherches supplémentaires devront être menées sur d’éventuelles réactions allergiques.
C’est une première étape avant que Bruxelles n’autorise cet insecte à atterrir dans les assiettes des Européens. Sur la base de l’avis de l’EFSA, la Commission européenne doit en effet soumettre aux États membres un projet de proposition en vue d’autoriser la mise sur le marché des vers de farine séchés et produits dérivés, ainsi que des conditions de commercialisation. Le secteur espère un feu vert définitif d’ici mi-2021. "Cette première évaluation des risques d’un insecte en tant que nouvel aliment peut ouvrir la voie à la première approbation de ce type à l’échelle de l’Union européenne", observe Ermolaos Ververis, responsable scientifique de l’unité de l’EFSA en charge de l’étude. 
Un tournant en Europe
Cette annonce marque un vrai tournant pour les acteurs du secteur notamment le français Ynsect spécialiste de la production d’insectes qui se focalisait jusqu’ici sur l’alimentation animale. L’entreprise a ainsi tenu à officialiser son entrée dans l’alimentation humaine en développant YnMeal, un "ingrédient à base de protéines d’insectes déshuilés". Les insectes pourraient être une réponse à un phénomène de taille : d’ici 2050, la planète comptera 10 milliards d’êtres humains à nourrir. Or, on le sait, l’élevage est un des secteurs les plus polluants au monde.
Selon une étude de Barclays, la production de bœuf représenterait même 9 % de l’ensemble des émissions humaines. Les insectes, eux, ont des atouts : ils sont aussi riches en protéines que la viande, ils contiennent du fer, des vitamines. Surtout, selon Jimini’s, un autre acteur du secteur, les insectes consommeraient moins d’eau et émettraient 99 % d’émissions de gaz à effet de serre en mois que le bœuf. Reste maintenant la question de l’acceptabilité. Si dans plusieurs pays africains ou asiatiques la consommation d’insectes est courante, les Européens sont culturellement moins habitués et cela pourrait être un vrai frein quant à leur développement dans l’alimentation humaine.

Marina Fabre, @fabre_marina avec AFP
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