Publié le 1 juillet 2019
Les grands dirigeants du G20 ont réussi à préserver in extremis un consensus minimal sur le climat, mais les négociations ont été âpres, certains pays semblant prêts à basculer du côté américain, ce qui pourrait bien arriver en 2020.

Les optimistes pourraient se réjouir. Désormais, chaque G20 a, au sommet de son agenda, la question climatique. Ce fut une fois encore le cas lors la réunion des 20 premières puissances mondiales, représentant 85 % du PIB de la planète, à Osaka au Japon ces 28 et 29 juin. Mais les pessimistes noteront que depuis l’accord de Paris, le G20 ne progresse pas sur le réchauffement. De plus, depuis 2017 et le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris, certains pays sont tentés de faire machine arrière.
Mais le pire a été évité cette fois encore. Le communiqué final, signé par 19 chefs d’Etat et de gouvernement, fait référence à "l’irréversibilité" du grand accord de lutte contre le réchauffement climatique signé en 2015 à Paris. Les Etats-Unis ont fait bande à part comme lors des deux précédents G20 après avoir tenté de bloquer la déclaration, selon l’Elysée.
Un engagement peu ambitieux, mais un soulagement tout de même pour les défenseurs de l’environnement. "Au vu de la situation actuelle, le format 19 contre 1 est le meilleur scénario possible, mais bien sûr au vu des fortes préoccupations sur les risques climatiques, ce n’est pas un accord idéal", a estimé auprès de l’AFP Yukari Takamura, professeur de droit international de l’université de Tokyo.
Risque d’un G20 à 17+3
"La nuit de négociations a été difficile", confiait au matin une source diplomatique, évoquant "une position très dure" des négociateurs américains. "Les États-Unis ont tenté de pousser plusieurs gouvernements, dont l’Arabie saoudite, le Brésil et la Turquie, à édulcorer le texte", explique Yuki Tanabe, de l’ONG Japan Center for a sustainable environment and society (JACSES).
L’Union européenne faisant de son côté tout son possible pour "maintenir au moins les engagements existants des derniers G20". "Cela montre deux choses: que c’est un sujet extrêmement difficile et qu’on peut y arriver mais qu’il faut de plus en plus montrer une détermination et une unité européenne", a commenté l’Elysée.
La présidence française redoutait aussi la défection de grands pays émergents. "Ce ne serait plus 19+1 (les États-Unis contre le reste du G20) mais 18+2 ou 17+3, etc, ce qui serait pour nous inacceptable", avait-elle glissé. Le bilan est mitigé: "On a évité de reculer mais nous devons aller beaucoup plus loin", a résumé Emmanuel Macron en conclusion du sommet.
Une année 2020 pour rien
Dans ce ballet diplomatique, la Chine s’est aussi placée en première ligne, diffusant avec la France et les Nations unies une déclaration commune, en amont de la COP25 qui se tiendra en décembre au Chili. Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a souligné à cette occasion "l’urgence" de la question climatique. "C’est un défi mondial et la réponse doit être multilatérale", a-t-il insisté.
Le problème est que si n’on attend pas beaucoup plus d’avancées au G7 à Biarritz en France en août prochain, on peut être sûr que l’année 2020 n’apportera rien du tout du côté de ces grands messes multilatérales. "Je suis très préoccupé car l’an prochain, le G7 se tient aux Etats-Unis et le G20 en Arabie saoudite", premier exportateur mondial de pétrole, et grand allié stratégique des États-Unis, souffle Yuki Tanake.
On peut même se demander à quoi sert encore le G20 créé en 2008 en réponse à la crise économique mondiale. Pour cette édition, la véritable question au cœur du sommet été la relation commerciale entre la Chine et les États-Unis. "Aujourd’hui, de fait, le G20 est devenu un exercice qui s’apparente à l’Assemblée générale des Nations unies, qui permet à des décideurs de se rencontrer dans des bilatérales et d’échanger sur les dossiers importants", constate Emmanuel Macron qui ajoute que le G20 "n’est pas assez utile" et doit être repensé.
Ludovic Dupin avec AFP

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