Publié le 23 juin 2019
Avec désormais 530 adultes, la population de loups a largement augmenté en un an, dépassant le seuil de 500 individus permettant de "résister au risque d'extinction". Une bonne nouvelle qui implique cependant que le nombre d'animaux pouvant être abattus va être augmenté.

Le plan loup adopté en 2018, dénoncé à la fois par les éleveurs et les défenseurs de l’environnement, prévoyait que le "seuil de viabilité démographique" fixé à 500, qui permet "de résister au risque d’extinction", ne serait atteint qu’en 2023. Mais selon le bilan hivernal de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), "l’effectif en sortie d’hiver est estimé à environ 530" contre 430 un an plus tôt.
À partir de relevés de traces effectués sur le terrain, forcément partiels, et d’un modèle mathématique, l’estimation est en fait un intervalle de 479 à 578, conduisant à cette estimation moyenne. La croissance de la population de ces canidés s’effectue "essentiellement par une densification" dans l’arc alpin, mais cette espèce protégée a également colonisé de nouveaux territoires. Des loups ont ainsi été détectés en 2018 dans les Pyrénées-Atlantiques, dans la zone Aube-Yonne, et dans de nouvelles zones du Massif central.
Espèce éradiquée au XXe siècle
Le loup reste "une espèce menacée" indique toutefois le directeur du comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). "Le loup est, selon la liste rouge que nous établissons en France, une espèce menacée sur le territoire", a déclaré Sébastien Moncorps à l’AFP. "Il y a une dynamique de recolonisation du territoire, qui est toujours en expansion et évidemment il faut trouver des solutions de cohabitation qui marchent entre le monde de l’élevage et la population de loups", a-t-il poursuivi.
Ces carnivores, éradiqués dans les années 1930 et revenus naturellement par l’Italie dans les années 1990, se concentrent dans les Alpes, le Sud-Est et l’Est. La présence de plus en plus importante du prédateur est combattue par les éleveurs qui dénoncent les attaques contre leurs troupeaux. En 2018, 3 674 attaques ont ainsi eu lieu contre plus de 12 500 animaux, principalement des ovins.
Carte attaques loup 2018 @ONCF
53 prélèvements en 2019
Le préfet du Rhône a immédiatement annoncé que le plafond de prélèvement pour 2019 passerait à 53 loups (38 ont déjà été tués depuis le début de l’année). Mais surtout, le dépassement du seuil des 500 "va conduire à l’activation de nouvelles mesures de gestion telle que prévue dans le cadre de l’évolution" du plan loup, a souligné l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS).
"Nous considérons que le loup n’est plus une espèce en voie de disparition, ce qui est une bonne chose pour la biodiversité", a déclaré le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume. "Nous en sommes par contre, pour la prédation, à un niveau hors du commun (…) Nous avons besoin d’apporter un soutien fort et plein aux éleveurs. Leur bien-être est notre priorité", ajoutait-il. La mesure prévue la plus symbolique est le relèvement du pourcentage de loups pouvant être tués, de 10-12 % à 17-19 %, comme déjà annoncé en mars par Emmanuel Macron.
Ludovic Dupin avec AFP

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