Publié le 15 janvier 2018
Depuis une semaine, un pétrolier iranien était en feu après une collision au large de Shangai. Une grande nappe de pétrole s’est déjà formée autour du lieu de l’accident. Mais dimanche 14 janvier, le navire a fini par sombrer laissant craindre un relargage massive des 136 000 tonnes de condensats embarqués, un type de pétrole particulièrement difficile à nettoyer. 

Le mastodonte gît au fond de l’eau, mais en surface la mer a continué à brûler : le naufrage du pétrolier iranien Sanchi pourrait provoquer une catastrophe écologique majeure en mer de Chine orientale. Le bâtiment, qui transportait 136 000 tonnes de condensats, des hydrocarbures légers, a sombré dimanche iranien Sanchi après avoir brûlé pendant une semaine à la suite d’une collision avec un cargo à environ 300 km à l’est de Shanghai.
"Des nappes d’hydrocarbures en provenance du bateau continuent à brûler" à la surface de l’eau, a indiqué lundi matin le ministère chinois des Transports. Une nappe de 10 km sur 7, flottait encore à la surface à l’endroit du naufrage, a rapporté le Quotidien du peuple, un journal officiel chinois.
D’après la télévision nationale, l’incendie a cessé de se consumer vers 10h00, heure locale. Des navires équipés de lances à incendie arrosent la surface de l’eau à l’aide de produits détergents, afin d’éliminer la pollution. L’accident constitue "le plus gros rejet de condensats dans la nature de toute l’histoire du pétrole", commente depuis l’Alaska Richard Steiner, un spécialiste des marées noires, qui suppose que la totalité de la cargaison a été soit brûlée, soit répandue en mer.
"Vu le mauvais état de la coque après une semaine d’explosions et d’incendie, il est probable que tous les réservoirs aient été endommagés et que tous les condensats ainsi que le carburant se soient déversés", explique-t-il à l’AFP. Même si seul un cinquième de la cargaison s’était retrouvé dans la mer, cela représenterait l’équivalent de la marée noire de l’Exxon Valdez, qui a dévasté les côtes de l’Alaska en 1989, ajoute l’expert.
À la différence près que l’Exxon Valdez transportait du pétrole brut, pas des condensats. Difficile donc de prédire l’impact d’une telle quantité de condensats sur l’environnement marin, d’après le spécialiste, pour qui le "record" jusqu’à présent ne dépassait pas 1.000 tonnes
Un pétrole qui flotte entre deux eaux
Les condensats sont des hydrocarbures qui existent à l’étant gazeux quand ils se trouvent au fond d’un gisement mais se condensent lorsqu’ils sont refroidis. En plus de sa cargaison, le Sanchi pouvait transporter environ 1 000 tonnes de diesel lourd pour faire tourner ses machines.
Les condensats auront "moins d’impact sur l’océan" que les autres types de pétrole et un impact "minime" sur l’homme vu l’éloignement des côtes, a souligné dimanche un ingénieur de l’Administration nationale des océans, Zhang Yong, cité par la télévision publique.
Mais le naufrage du bateau avant que la totalité de la cargaison ait brûlé constitue "la pire éventualité possible", a déclaré au quotidien Global Times le militant écologiste Ma Jun. Les condensats "empoisonnent la faune sous-marine", a-t-il averti. À la différence du brut, les condensats, une fois rejetés en mer, ne forment pas une nappe en surface, mais plutôt un nuage toxique qui flotte entre deux eaux.
Cétacés, poissons, oiseaux et plancton qui entrent en contact avec cette pollution peuvent soit mourir à brève échéance soit contracter des maladies, des infirmités ou encore devenir stériles, selon Richard Steiner. Or la région est une importante zone de frai pour de nombreuses espèces de gros poissons, dont les oeufs ont été "sans aucun doute exposés" aux rejets toxiques, ajoute le spécialiste, avant de déplorer l’absence de données écologiques sur l’accident maritime.
La Rédaction avec AFP

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