Publié le 03 mai 2017
Présidentielle 2017
Égalité femmes-hommes : Emmanuel Macron jugé plus convaincant que Marine Le Pen
Les deux candidats à l’élection présidentielle souhaitent parvenir à l’égalité professionnelle entre les sexes, mais comment ? Marine Le Pen y consacre seulement trois lignes et souhaite lancer un "plan national pour l’égalité salariale", sans détailler. Emmanuel Macron veut en faire une "grande cause nationale" et mise sur le "name and shame".

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"Je suis le plus grand défenseur des droits des femmes", a lancé Marine Le Pen, le 1er mai, sur France 2. Pourtant, sur les 144 engagements proposés par la candidate du Front National, seules trois lignes sont consacrées aux droits des femmes.
Marine Le Pen veut mettre en place un plan national pour l’égalité salariale femmes-hommes et "lutter contre la précarité professionnelle et sociale". Deux mesures non détaillées et pour lesquelles son équipe de campagne, contactée par Novethic, n’a pas encore donné de précisions. Interrogé par le site Slate sur le sujet, Jean Messiha, coordinateur du projet présidentiel de Marine Le Pen botte en touche : "Rentrer dans le détail du plan, c'est compliqué", affirme-t-il, "mais avec du volontarisme je ne doute pas qu'on puisse obtenir des résultats plus probants que ceux que la gauche a obtenues avec beaucoup d'incantations".
Pour Marie Donzel, directrice de Donzel et Compagnie, spécialiste de l’égalité professionnelle, il n’y a pas de doute, "Marine Le Pen n’a pas de programme sur l’égalité. En tant que députée européenne, elle a voté contre toutes les mesures en faveur de l’égalité femmes-hommes, ou de l’empowerment (autonomisation) des femmes".
Désigner les bonnes et les mauvaises entreprises
"Chez Emmanuel Macron, il y a une volonté de changer les choses, même s’il faut aller plus loin", analyse Marie Donzel. Le candidat d’En Marche s’est entouré d’une cinquantaine d’experts et d’expertes pour monter son projet d’égalité professionnelle. "L’égalité, c’est une question d’objectif, de volonté politique et de méthode. Ce ne peut être une incantation. La méthode d’Emmanuel Macron va être de chiffrer les inégalités salariales et de fixer des objectifs en fonction", explique Marlène Schiappa, référente nationale égalité femmes-hommes d’En Marche.
Mesure phare du candidat : le "name and shame", une pratique anglo-saxonne qui vise à nommer et dénoncer des entreprises peu vertueuses. Dans ce cas, l’idée serait d'évaluer les pratiques de sociétés en matière d'égalité et de dévoiler les résultats via un baromètre désignant les bons et les mauvais élèves. Un principe déjà utilisé par Myriam El Khomri concernant les discriminations. "On agit sur la réputation des entreprises pour faire bouger les lignes", souligne Marlène Schiappa.
Agir sur les causes des inégalités professionnelles
Mais c’est aussi sur les causes des inégalités professionnelles que le candidat d’En Marche veut tirer son épingle du jeu. Il veut créer un congé maternité "unique garanti pour toutes les femmes quel que soit leur statut, aligné sur le régime le plus avantageux". Il veut également obliger les communes à publier en ligne leurs critères d’attribution des places de crèche car "on sait que, lorsque les parents ne trouvent pas de place, c’est la mère qui s’occupe des enfants", explique Marlène Schiappa.
Sur ce sujet, le Front National a quelque peu changé sa ligne. Exit l’idée d’un "revenu parental" aussi appelé "salaire maternel" porté en 2012 et vivement critiqué pour "renvoyer les femmes au foyer". Marine Le Pen compte en revanche"rétablir la libre répartition du congé parental entre les deux parents". La candidate veut donc supprimer la réforme qui incite les pères à prendre une partie du congé parental et à partager les tâches.
De manière générale, les associations et spécialistes appellent à faire barrage à Marine Le Pen. "Il ne suffit pas d’être une femme pour défendre leurs droits", ont ainsi déclaré une cinquantaine de personnalités dans une tribune publiée le 26 avril par le Huffingtonpost, résumant la position commune de défenseurs des droits des femmes.