Mise en place de foyers améliorés pour la fabrication du beurre de karité au Burkina Faso, co-culture alliant patchouli à la production de cannelle pour une gestion durable de la forêt indonésienne ou amélioration des pratiques agricoles pour le quinoa en Bolivie… Voici quelques exemples de projets "carbon balanced" imaginés par L’Oréal pour réduire ses émissions carbone par le biais de la compensation.
Insetting
Engagée dans la lutte contre le changement climatique depuis des années, le spécialiste des cosmétiques a décidé de compenser en interne (in-setting) les émissions de gaz à effet de serre qu’elle ne parvient pas à réduire. En 2015, celles-ci représentent 400 00 tonnes de CO2 dont 160 000 en scopes 1 et 2 (émissions directes et indirectes liées à la consommation d’énergie) et 240 000 en scope 3 (transport).
"Il est normal que le leader de la beauté contribue à lutter pour la beauté de la planète même si notre responsabilité est limitée", souligne Jean-Paul Agon, PDG de L’Oréal. "Nous aurions pu simplement acheter des crédits carbone (off-setting) mais nous trouvions la démarche d’in-setting plus innovante", précise-t-il.
Un comité d’experts pour superviser les résultats
Cette année, à l’occasion de la COP21, le groupe s’est fixé un nouvel objectif de réduction des émissions. Ambitieux. -60 % à l’horizon 2020 sur les scopes 1 et 2 et sur la partie transport aval du scope 3. Entre 2005 et 2015, la firme s’était engagée à réduire ses émissions carbone de moitié. Objectif atteint fin 2014, se réjouit Alexandra Palt, directrice responsabilité sociale et environnementale (RSE) "alors que, dans le même temps, la production a augmenté de 22 %".
Pour valider et évaluer sa stratégie climat, L’Oréal a constitué un comité d’experts internationaux qui se réunira tous les ans afin de superviser la méthodologie et les résultats publiés. "Après avoir hésité", l’économiste Christian de Perthuis, fondateur de la Chaire économie du climat, a accepté de le présider. "Les objectifs sont assez précis même si le challenge va être de les élargir à l’ensemble du scope 3. Cela me plaît de travailler avec une entreprise qui intègre la compensation dans sa chaîne de valeur alors que l’off-setting ne lui aurait pas coûté cher vu le prix du carbone. C’est une démarche plus complexe qui va nous poser des difficultés, notamment pour éviter les doubles comptages. Les projets sont intéressants car ils touchent aussi à la question du développement local".
Nicolas Hulot, envoyé spécial du président de la République pour la protection de la planète et dont la Fondation est soutenue par L’Oréal, salue lui aussi le projet de l’entreprise. "Je me projette 20 ans en arrière : j’étais persuadé que le dialogue avec l’ensemble des acteurs de la société, dont les entreprises privées, était indispensable. Que n’ai-je alors pas entendu ! Aujourd’hui je me dis que j’avais raison".