En 2008, le conseil d’éthique du fonds souverain Norvégien mettait l’entreprise minière anglo-australienne Rio Tinto sur sa liste noire. En conséquence, le fonds, l’un des plus grands de la planète assis sur plus de 1 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion, désinvestissait de la deuxième entreprise du secteur. En cause, sa participation dans la mine indonésienne de Grasberg.
Cette mine d’or et de cuivre est l’une des plus grande au monde. Profonde de plus de 300 mètres, elle évacue près de 700 000 tonnes de déchets chaque année. Elle est accusée d’avoir pollué gravement la rivière AIkwa sur des centaines de kilomètres et d’avoir détruit toute la végétation alentour. Elle est exploitée par l’américain Freeport-MacMoran.
La sanction du fonds norvégien n’a malheureusement pas fait fermer la mine. Mais Rio Tinto a quand même revendu ses parts pour 3,5 milliards de dollars en 2018. Aussi, en juin 2019, le comité d’éthique du fonds norvégien a retiré Rio Tinto de sa liste noire. En septembre, le fonds a repris 1,4 % du capital du minier, devenant l’un des dix plus importants actionnaires du groupe. Selon Bloomberg, “cet investissement démontre l’importance de la réalisation des objectifs environnementaux de plus en plus ambitieux fixés par certains des plus grands gestionnaires de fonds“.
Les autres mineurs
loin du compte
Ce retour en grâce de Rio Tinto pourrait influencer les politiques environnementales d’autres mineurs, sur lesquelles on connaît l’influence du fonds norvégien. Mais il y a encore loin de la coupe aux lèvres. En effet, des entreprises comme Glencore et Anglo-American demeurent exclues du fonds souverain en raison de sa règle de non-investissement dans des sociétés qui minent plus de 20 millions de tonnes de charbon thermique par an. De son côté Rio Tinto, a vendu sa dernière mine de charbon en mars 2018.
Glencore, par exemple, ne semble pas près de sortir de la liste d’exclusion du fonds. Lors de la présentation de ses résultats en février 2019, le groupe a, certes, annoncé sa volonté de plafonner sa production de charbon afin de donner “la priorité aux investissements dans des actifs résilients aux risques réglementaires, physiques et opérationnels liés au changement climatique“. Mais sa production devrait rester aux alentours de 150 millions de tonnes de charbon par an. Un peu trop timide pour le fonds norvégien.