Publié le 24 mars 2025

La consommation énergétique mondiale a davantage progressé en 2024 qu’au cours de toute la décennie précédente. En cause, la consommation d’électricité qui a bondi pour faire tourner les climatiseurs face à des températures records. L’année est aussi marquée par une chute du pétrole, qui passe sous la barre des 30% pour la première fois, selon le rapport annuel de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publié lundi 24 mars.

Est-ce le début d’une nouvelle ère ? Pour la première fois, la part du pétrole dans la consommation énergétique mondiale est descendue sous la barre des 30%, 50 ans après un pic à 46%. Dans le même temps, la consommation d’électricité a progressé de 4%, ce qui représente 1 100 térawattheures supplémentaires, soit plus que la consommation annuelle du Japon. Il s’agit de la hausse la plus importante jamais enregistrée, en dehors des années de reprise après une récession. Voici les principaux enseignements de la Global Enery Review, le rapport annuel sur l’énergie de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), publié lundi 24 mars.

L’AIE voit dans le boom électrique la conséquence d’une demande croissante de refroidissement en raison de températures record, mais aussi en raison de besoins croissants de l’industrie, des centres de données et de l’intelligence artificielle et de l’électrification des transports. Les énergies renouvelables et le nucléaire ont fourni 80% de l’électricité supplémentaire consommée en 2024. Ensemble, ces deux sources d’énergie représentent pour la première fois 40% de la production totale d’électricité dans le monde. “L’utilisation de l’électricité croît rapidement, à tel point que cela a suffi à inverser la courbe après des années de consommation énergétique en baisse dans les économies avancées”, commente le directeur exécutif de l’AIE, Fatih Birol, cité dans le rapport.

Une voiture sur cinq vendue dans le monde est électrique

La consommation d’électricité dans les bâtiments a représenté près de 60% de la croissance globale en 2024. La capacité installée des centres de données à l’échelle mondiale a augmenté d’environ 20%, soit environ 15 gigawatts (GW), principalement aux États-Unis et en Chine. Parallèlement, la croissance continue de l’adoption des véhicules électriques a entraîné une hausse de la consommation d’électricité dans les transports. Les ventes mondiales de voitures électriques ont augmenté de plus de 25%, dépassant les 17 millions d’unités et représentant un cinquième de toutes les ventes de voitures, conformément aux projections de l’AIE pour 2024.

Parmi les énergies fossiles, la consommation de gaz est celle qui a le plus progressé en 2024, soit +115 milliards de mètres cubes (+2,7%), après une augmentation moyenne de 75 milliards de m3 les dix années précédentes. La demande mondiale de charbon a pour sa part augmenté de 1%. La production d’électricité a été le principal moteur de cette croissance, les températures élevées ayant entraîné une hausse de la consommation d’électricité pour le refroidissement. Les vagues de chaleur intenses ont entraîné une hausse de la consommation de charbon en Chine et en Inde, qui ont représenté ensemble la grande majorité de l’augmentation de la demande mondiale, soit environ 65 millions de tonnes équivalent charbon. La Chine est restée le plus grand consommateur de charbon au monde, représentant un record de 58 % de la consommation mondiale de charbon.

Ce sont les pays émergents et en développement qui ont tiré à 80% l’augmentation de la consommation d’énergie dans le monde, bien que la croissance chinoise soit ralentie. Dans les pays développés, la consommation a là aussi grimpé (+1%) après des années de baisse. Au global, l’évolution de cette demande d’énergie a été de +2,2% en 2024, soit presque deux fois plus que la moyenne des dix années précédentes (1,3%), entre 2013 et 2023, indique l’AIE.

Niveau record des émissions de CO2

Les émissions de CO₂ du secteur énergétique ont quant à elles continué d’augmenter en 2024, mais à un rythme plus lent qu’en 2023, note l’AIE. Elles ont augmenté de 0,8 % en 2024, atteignant un niveau record de 37,8 gigatonnes de CO2. Cette augmentation a contribué à des concentrations atmosphériques record de 422,5 ppm en 2024, soit environ 3 ppm de plus qu’en 2023 et 50% de plus que les niveaux préindustriels. En 2024, les émissions de CO2 provenant de la combustion de combustibles ont augmenté d’environ 1 %, soit 357 millions de tonnes (Mt) de CO 2 , tandis que les émissions provenant des processus industriels ont diminué de 2,3 %, soit 62 Mt de CO2. La croissance des émissions a été inférieure à la croissance du PIB mondial (+ 3,2 %), rétablissant la tendance de plusieurs décennies de découplage de la croissance des émissions de la croissance économique, qui avait été interrompue en 2021.

Les températures record de 2024 sont l’un des principaux facteurs ayant contribué à cette hausse des émissions avec un recours accru à la climatisation, notamment en Inde, en Chine ou encore aux Etats-Unis. Si les conditions météorologiques mondiales de 2023 s’étaient répétées en 2024, environ la moitié de l’augmentation des émissions mondiales aurait été évitée, indique l’AIE. Les faibles conditions de vent en Europe ont également entraîné une augmentation de l’utilisation des combustibles fossiles dans le secteur de l’électricité. L’aviation a poursuivi sa reprise après la pandémie de Covid-19, contribuant aussi à une hausse des émissions. De plus, 2024 était une année bissextile, ce qui signifie un jour supplémentaire d’émissions – un impact qui reste difficile à quantifier, mais qui pourrait atteindre 100 Mt de CO₂. L’impact net cumulé de ces effets représente plus de 90% de l’augmentation globale des émissions. Parallèlement, l’adoption rapide et continue d’énergies propres a évité l’émission de 2,6 gigatonnes de CO₂ supplémentaires par an, soit l’équivalent de 7 % des émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie.

Découvrir gratuitement l'univers Novethic
  • 2 newsletters hebdomadaires
  • Alertes quotidiennes
  • Etudes