Publié le 30 août 2024

Un logement à tout prix. A la recherche d’un loyer plus abordable ou d’impôts moins élevés, plus de 300 000 Américains ont décidé de s’installer dans des zones exposées aux inondations et aux incendies. Un choix de vie risqué à l’heure où les catastrophes naturelles se multiplient aux Etats-Unis avec le changement climatique.

Avoir un chez soi coûte que coûte quitte à mettre sa vie en danger. Aux Etats-Unis, plus de 300 000 Américains ont décidé au cours de l’année 2023 de déménager dans une région à risque climatique, au premier rang desquelles figurent le Texas et la Floride. C’est ce qu’a révélé la société immobilière américaine Redfin dans son dernier rapport, publié le 5 août et relayé par le Washington Post.

En s’appuyant sur les données du Bureau du recensement des Etats-Unis et de la First Street Fondation, Redfin a démontré que les états les plus vulnérables aux inondations, aux incendies et aux fortes chaleurs ont gagné plus de population qu’ils n’en ont perdu, entre juillet 2022 et juillet 2023. Pour expliquer ce phénomène, qui peut paraître contre intuitif, Redfin avance l’argument de l’argent et du coût de la vie.

Le coût de la vie, moteur de ce déplacement à risque

“L’augmentation des coûts d’assurance et l’intensification des catastrophes naturelles poussent des milliers d’Américains à quitter les zones à risque, mais ces personnes sont rapidement remplacées par d’autres pour qui le changement climatique n’est pas la principale préoccupation”, explique Elijah de la Campa, économiste en chef chez Redfin. Seulement 8,8% personnes interrogées par Redfin parmi ceux qui envisagent de déménager prochainement, ont cité la crainte de catastrophes naturelles ou de risques climatiques comme raison. Et cela vient, en effet, loin derrière le désir d’avoir plus d’espace (32,4%), un coût de la vie moins élevé (26,4%) ou encore se rapprocher de sa famille (16,4%).

Parmi les Etats qui attirent le plus, le Texas et  la Floride ont des impôts fonciers relativement bas, comparés au reste du pays, et ces deux Etats sont également les premiers du pays en matière de construction de nouveaux logements. Pour Daryl Fairweather, économiste chez Redfin, “il est dans la nature humaine de se concentrer sur les avantages actuels, comme la vue sur le front de mer ou un faible coût de la vie, plutôt que sur les coûts qui pourraient s’accumuler à long terme comme les dommages matériels ou la baisse de la valeur des biens”. D’ailleurs, “il est également dans la nature humaine de sous-estimer les risques difficiles à mesurer, comme le changement climatique”, précise-t-il.

Or cette tendance n’est pas nouvelle de l’autre côté de l’Atlantique. Dans un rapport de 2023, le cabinet McKinsey a déjà révélé que les Américains à faible revenus ont tendance à vivre dans des zones plus vulnérables aux conditions météorologiques extrêmes. Dans certains villes américaines, les quartiers à faible revenu et à prédominance afro-américaine se trouvent notamment dans des secteurs où la couverture végétale est moindre, et où les températures et le risque d’inondations plus élevés.

Une crise de l’assurance aux Etats-Unis

Néanmoins, cette migration vers ces zones à risque ralentit avec un calcul coût-avantages qui change dans certaines régions. En Californie, par exemple, “l’augmentation vertigineuse des assurances habitation et la multiplication des catastrophes de grande ampleur ont eu un impact tangible sur les résidents”, note Elijah de la Campa. En effet, la multiplication des méga-feux ces dernières années dans le Golden State a eu raison de l’engagement de certaines compagnies d’assurance.

En mai 2023, State Farm, le numéro 1 de l’assurance habitation a indiqué, dans un communiqué, “cesser d’accepter de nouvelles demandes en raison de l’augmentation historique des coûts de constructions supérieures à l’inflation, d’une exposition aux catastrophes naturelles en croissance rapide et d’un marché de la réassurance difficile”. Même position pour Allaste, autre acteur du secteur. A noter que rien qu’en 2023, les Etats-Unis ont connu 28 catastrophes naturelles qui ont chacune coûté près d’un un milliard de dollars ou plus, un record.

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