La présidence azerbaïdjanaise de la COP29 a mis en ligne une série de nouveaux projets de texte, ce jeudi 21 novembre tôt dans la matinée, dont celui qui inclut le nouvel objectif collectif quantifié (NCQG). Il doit remplacer l’engagement pris en 2009 par les pays développés de fournir 100 milliards de dollars par an aux pays en développement, réalisé avec deux ans de retard. Si le texte a presque été divisé par deux, passant de 25 à 10 pages, il conserve la ligne de fracture qui divise les pays et ne mentionne toujours aucun montant (quantum).
Il mécontente à la fois les pays développés et les pays en développement. “Ce texte est clairement inacceptable à ce stade”, a ainsi réagi jeudi matin devant la presse le commissaire européen au climat, Wopke Hoekstra. Un peu plus tard, en séance plénière, le groupe du G77 et la Chine, qui regroupe 134 pays du Sud, a dit “ne pas pouvoir quitter Bakou sans un quantum clair” et réclamer “au moins” 500 milliards de dollars par an d’ici 2030. “Le temps des jeux politiques est terminé”, a également averti Cedric Schuster, au nom de l’alliance Aosis, qui regroupe plusieurs îles vulnérables au changement climatique dans le Pacifique ou les Caraïbes.
Deux options “irréconciliables”
Deux options “irréconciliables” sont toujours sur la table. D’une part, l’option 1 qui reprend la position des pays en développement. Elle appelle à fournir “X milliers de milliards de dollars par an entre 2025 et 2035 par les pays développés à tous les pays en développement sous forme de dons”, en partageant la charge de l’effort “sur la base des émissions historiques et du PIB par habitant“. Quant à l’élargissement de la base des pays donateurs, réclamé en priorité par les pays riches, l’option 1 se contente d’“inviter les pays en développement” à contribuer volontairement sans toutefois que ces montants ne soient pris en compte dans le NCQG.
La seconde option reflète la position des pays développés. Elle vise à fournir “[un plancher de 100 milliards] de dollars par an d’ici 2035 pour les pays en développement à partir d’un large éventail de sources et d’instruments, y compris des sources publiques, privées et innovantes, des canaux bilatéraux et multilatéraux”. Cette option appelle en outre les “pays ayant la capacité économique de contribuer” à le faire. Un appel du pied à la Chine, aux Etats du Golfe ou encore à la Corée du Sud. On voit donc à quel point les positions sont antagonistes tant sur le montant, que sur l’échéance ou encore sur la forme de ces financements et sur la base des pays contributeurs.
Une 3e option dans la manche
“Le texte caricature les positions des pays développés et en développement”, dénonce Joe Thwaites, de l’ONG Natural Resources Defense Council. La présidence doit proposer une troisième option pour les concilier.” Cette troisième option secrète a été mise sur la table par l’Australien Chris Bowen et l’Égyptienne Yasmine Fouad, les deux ministres chargés de rapprocher les positions du Nord et du Sud, mais n’a pas encore été dévoilée aux pays et la présidence la garde dans sa manche, a révélé l’AFP citant deux sources proches des négociations. “Il y a volontairement deux options irréconciliables pour que la fois d’après, on sorte du bois avec quelque chose qui fait le pont entre les deux”, analyse également depuis Bakou, Lola Vallejo, conseillère climatique au sein de l’Iddri.
“Au bout de dix jours, nous sommes toujours bloqués sur la ligne de départ”, a tancé Tasneem Essop, directrice exécutive de Climate Action Network International. “L’horloge tourne : les pays du Nord doivent absolument mettre un chiffre sur la table”, appelle Gaïa Febvre, responsable des politiques internationales au Réseau Action Climat. “Si cette COP échoue, ce sera parce que la base actuelle de contributeurs n’est pas venue avec des chiffres”, confie un observateur de l’UE. L'”échec n’est pas une option“, a encore lancé le chef de l’ONU, Antonio Guterres.
La prochaine version du texte doit être publiée jeudi soir, selon la présidence azerbaïdjanaise, qui assure qu’elle sera “plus courte et contiendra des chiffres fondés sur notre vision de possibles points d’atterrissage pour un consensus”. Il reste moins de 48 heures pour trouver un accord avant la fin officielle de la COP, prévue vendredi 22 novembre à 18h.