Publié le 15 juin 2024

Pendant 10 jours à Bonn, en Allemagne, les pays du monde entier se sont réunis pour préparer la prochaine COP29. Mais alors que la crise climatique atteint un niveau inégalé, les pays riches ont refusé d’avancer sur le sujet majeur des financements, creusant un peu plus le fossé avec les pays en développement.

“Le statu quo est une recette pour l’échec”, a déclaré Simon Stiell, le secrétaire exécutif de l’ONU, en clôture des négociations climatiques de Bonn, qui se sont tenues du 3 au 13 juin pour préparer la COP29 de Bakou. Et c’est bien à un statu quo qu’ont assisté les 6 000 délégués – aucun ministre ou chef d’Etat – ayant fait le déplacement. Ils ont une fois de plus participé à une querelle sans fin autour de la question cruciale des financements entre les pays développés et les pays en développement.

Cette année, la COP sera principalement centrée sur ce sujet car les pays membres de la Ccnucc, la Convention cadre des Nations Unis sur les changements climatiques, doivent se mettre d’accord sur un nouvel objectif de financement, appelé dans le jargon nouvel objectif collectif quantifié (NCQG). Celui-ci doit remplacer l’objectif actuel de 100 milliards de dollars promis par les pays riches pour le financement du climat à partir de 2020, atteint avec deux ans de retard. Mais à l’issue des dix jours de négociations, aucun montant n’a réussi à être acté et la perspective d’un accord dans cinq mois semble bien incertaine tant les dissensions sont importantes et la méfiance à son apogée.

1 000 milliards de dollars par an

“Le résultat des négociations de Bonn sur le climat est le reflet d’une lutte de plusieurs décennies pour amener les pays riches à respecter leurs obligations et à aider les pays en développement à prendre des mesures pour faire face à la crise climatique. Tant que cette impasse ne sera pas brisée, toutes les autres questions seront prises en otage”, résume parfaitement Tasneem Essop, directrice exécutive de CAN International, un réseau mondial de plus de 1 900 organisations.

Les pays devront notamment présenter d’ici février 2025 de nouveaux engagements climatiques alignés avec l’objectif 1,5°C et avec la décision de Dubaï de sortir progressivement des énergies fossiles. Mais de nombreux pays en développement refusent de s’engager tant que les discussions sur les financements n’avancent pas. L’Inde, le groupe arabe et le groupe des pays africains ont ainsi mis sur la table des montants compris entre 1 000 et 1 300 milliards de dollars par an entre 2025 et 2030. Provoquant un silence lourd de sens au sein des pays développés, qui refusent d’évoquer un quelconque chiffre et renvoient la discussion à la liste des pays contributeurs qu’ils voudraient élargir à la Chine notamment.

Alors que le changement climatique atteint un niveau inégalé, frappant des pays qui n’ont pas les moyens de se relever et qui sont parmi les moins responsables de la situation, la position des pays riches est de plus en plus mal vécue par les pays du Sud. “Nous sommes au bord d’un échec catastrophique des négociations sur le climat, nuisant aux moins responsables de la crise”, a conclu Harjeet Singh, directeur de l’engagement mondial pour l’Initiative du traité sur la non-prolifération des combustibles fossiles. Il pointe la responsabilité des pays développés qui “ont non seulement esquivé leurs responsabilités historiques, mais également systématiquement utilisé des tactiques dilatoires, transférant le fardeau sur les épaules des pays en développement”. D’ici la COP29, la confiance entre les deux blocs devra être restaurée si l’on ne veut pas revivre l’échec de la COP15 de Copenhague en 2009.

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