Publié le 16 septembre 2024

“Summer Heat” (La fièvre d’été) est le nom de la campagne lancée par les activistes pro-climat contre Wall Street, accusé de financer le changement climatique à travers la production d’énergies fossiles. Seniors, scientifiques, militants divers se sont relayés pendant 90 jours pour bloquer l’accès au siège de Citigroup. La banque était ciblée pour avoir investi ces huit dernières années près de 400 milliards de dollars dans le charbon, le pétrole et le gaz.

La scène était devenue quotidienne depuis le 10 juin. Tout l’été, des activistes se sont relayé devant le siège de Citigroup à New York – plus de 5 000 au total – pour en bloquer l’entrée chaque jour. Retraités, scientifiques, militants écologistes, ils participaient à la campagne lancée par le mouvement “Stop the Money Pipe Line” qui s’adresse aux financeurs des énergies fossiles. L’objectif est d’assécher leurs financements pour stopper la production de charbon, de pétrole et de gaz alors que les Etats-Unis sont redevenus le premier producteur mondial d’énergies fossiles. Chaque jour, des dizaines d’entre eux ont été arrêtés mais ils ont toutefois réussi à perturber le fonctionnement de la banque en empêchant les salariés d’accéder à leur travail. Ils n’ont même pas cessé le mouvement quand les températures sont devenues insoutenables au milieu de l’été. La force de la campagne reposait sur la répétition quotidienne du ballet blocage, arrestation, levée du barrage.

Citigroup “est le pire financeur de nouveaux gisements d’énergies fossiles depuis l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris”, explique l’ONG organisatrice du blocage. Elle pense “pouvoir ainsi les pousser à faire les choses bien” en misant sur les engagements de neutralité carbone pris pour 2050 par Jane Fraser qui dirige la banque depuis 2021. La campagne “Summer Heat” n’oublie pas “tous les autres financeurs du changement climatique américains qui ont investi, depuis 2016, 1 800 milliards de dollars dans les énergies fossiles“. Elle nomme l’assureur AIG, le gérant d’actifs Blackrock mais aussi le fonds de private equity, KKR.

Sujet absent de la campagne

Si Citigroup s’est refusé à tout commentaire, la banque a fait circuler une note interne à destination de ses salariés pour leur demander de “garder leur calme” face à ce blocage quotidien et d’éviter tout contact direct avec les manifestants pour laisser les forces de l’ordre intervenir. Trois mois plus tard, il n’y affectivement pas eu d’incidents majeurs mais la campagne montre que le mouvement d’interpellation des banques sur le financement des énergies fossiles existe toujours même s’il est passé en dessous des radars médiatiques. La semaine du Climat qui se tiendra à New-York du 22 au 29 septembre devrait permettre de lui redonner du souffle.

Le changement climatique est très peu abordé dans la campagne présidentielle. Lors du débat télévisé la semaine dernière entre Kamala Harris et Donald Trump une seule question a été posée sur le sujet. “Vous avez une minute pour nous dire ce que vous ferez pour lutter contre le changement climatique“. Kamala Harris a affirmé vouloir favoriser les énergies propres dans lesquelles elle inclut le gaz et s’est déclarée favorable au gaz de schiste qu’elle voulait interdire quatre ans plus tôt. Quant à Donald Trump, il a accusé son adversaire d’être responsable de l’effondrement de l’industrie automobile américaine. Il ne combat plus frontalement les voitures électriques depuis qu’Elon Musk, l’homme de Tesla, est l’un de ses plus fervents soutiens ! Les activistes climatiques sont donc seuls à tenter de faire pression sur Citigroup pour qu’elle abandonne les financements d’énergies fossiles pour les réorienter vers les énergies renouvelables.

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