Six petits jours auront suffi pour atteindre le “High Pay Day” en France. Le 6 janvier 2025, à 16h49, les patrons du CAC40 avaient déjà accumulé l’équivalent du salaire annuel moyen de leurs employés selon un rapport publié par Oxfam. Cette date, calculée pour la première fois en 2019 par le High Pay Centre, un groupe de réflexion britannique, permet d’illustrer les inégalités de rémunération entre salariés et dirigeants de grandes entreprises. En se basant sur les dernières données disponibles remontant à 2023, Oxfam estime ainsi que les PDG du CAC40 ont perçu en moyenne un salaire annuel 117 fois supérieur à celui de l’un de leurs salariés moyens.
Sur le podium des patrons les mieux payés au sein de l’Hexagone, on retrouve en première position Bernard Charlès, aujourd’hui à la tête de l’éditeur de logiciels Dassault Systèmes, puis le PDG du groupe automobile Stellantis, Carlos Tavares, et enfin Daniel Julien, dirigeant de la multinationale spécialisée dans le service client Teleperformance. Ce dernier remporte d’ailleurs la palme de l’écart salarial le plus important. En 2023, Daniel Julien a en effet gagné 695 fois plus qu’un employé moyen de son entreprise.
La rémunération des PDG en hausse
Des “écarts de rémunérations abyssaux (…) à interroger”, juge Oxfam dans un communiqué, “alors que dans le même temps le ministre de l’économie Éric Lombard s’est prononcé en faveur de mesures qui permettraient de faire contribuer davantage les plus fortunés”. Selon le cabinet Proxinvest, ces différences de salaire auraient atteint en 2023 leur plus haut niveau depuis dix ans. Cette année-là, la rémunération des PDG des entreprises du CAC40, comprenant les primes, parts variables et stock-options, aurait enregistré une hausse de 6% par rapport à 2022.
Mais les inégalités de rémunération n’ont pas que des conséquences sociales : elles ont également un impact sur la crise climatique. Un second rapport, là aussi rédigé par Oxfam, dénonce le poids des émissions carbone engendrées par les milliardaires. Dans son analyse, l’ONG dévoile que les 1% les plus riches de la planète ont épuisé en seulement 10 jour leur part du budget carbone annuel mondial, soit la quantité de CO2 équivalent qui peut encore être ajoutée à l’atmosphère chaque année sans que les températures mondiales n’augmentent de plus de 1,5°C. En moyenne il faut 1 022 jours, soit un peu moins de trois ans, à un citoyen faisant partie des 50% les plus pauvres de la population mondiale pour atteindre ce seuil,
Inégalités et crise climatique, même combat
En France, Bernard Arnault, patron du groupe de luxe LVMH, dont la fortune s’élèverait à 195,5 milliards de dollars selon les dernières estimations, aurait quant à lui dépensé l’entièreté de son budget carbone annuel dès le 1er janvier, à 2h15 du matin. Pour rappel, afin de parvenir à l’objectif fixé par l’Accord de Paris, chaque habitant devrait maintenir ses émissions carbone en dessous de 2,8 tonnes de CO2 par an, selon les calculs du Programme des Nations-Unies pour l’environnement.
En parallèle, il serait nécessaire de réduire de 97% l’empreinte carbone des ultra-riches, rappelle Oxfam qui appelle pour cela les gouvernements à instaurer un impôt sur la fortune, à taxer l’usage de jets privés ou de superyachts, mais aussi à réglementer les entreprises afin de les pousser à baisser leurs émissions. “Réduire les inégalités est nécessaire pour lutter contre la crise climatique, appuie Alexandre Poidatz, responsable plaidoyer Climat et inégalités au sein de la branche française d’Oxfam. Il est temps de faire peser le poids de la transition sur les personnes qui émettent le plus et qui ont le plus de moyens pour réduire nos émissions rapidement.”