Publié le 22 juin 2024

Mercredi 19 juin, le hajj, le grand pèlerinage musulman, s’est achevé avec un lourd bilan. Réunis à La Mecque, en Arabie saoudite, plus de 1300 pèlerins sont décédés à la suite de chaleurs caniculaires, atteignant plus de 51°C. Une situation qui pourrait se répéter.

[Mise à jour le 24 juin 2024] C’est une chaleur meurtrière qui s’est abattue sur les pèlerins venus par milliers à La Mecque, en Arabie saoudite. Selon un décompte réalisé par l’agence de presse officielle saoudienne SPA, les conditions climatiques extrêmes auraient provoqué la mort de 1301 personnes, parmi les 1,8 million de participants au hajj, le grand pèlerinage musulman. Un bilan qui s’alourdit de jour en jour.

Jeudi 20 juin, l’AFP établissait temporairement le nombre de victimes à 1081. De nombreuses personnes étaient alors encore à la recherche de pèlerins portés disparus. Reconnus officiellement, les défunts seraient majoritairement originaires d’Egypte, mais également du Pakistan, de Malaisie, d’Inde, de Jordanie, d’Iran, d’Indonésie, du Sénégal, de Tunisie, du Soudan ou encore du Kurdistan irakien.

Des fidèles en situation de stress thermique

“83 % n’étaient pas autorisés à accomplir le hajj. Ils avaient parcouru de longues distances sous le soleil, sans abri adéquat ni confort”, indique l’agence de presse SPA. Comme chaque année, des dizaines de milliers de fidèles ont en effet tenté de participer aux rituels sans avoir les permis nécessaires, payants et octroyés selon des quotas, qui donnent accès notamment aux installations climatisées.

Si 300 000 personnes, dont 153 998 étrangers entrés dans le royaume sans passer par les circuits officiels, ont été refoulées de La Mecque selon les autorités saoudiennes, un grand nombre aurait tout de même réussi à participer au pèlerinage, dans des conditions particulièrement éprouvantes. “Des gens étaient fatigués d’avoir été pourchassés par les forces de sécurité, ils étaient épuisés”, déclare un diplomate arabe ayant requis l’anonymat. “Ils ont été sans nourriture, sans eau ni air conditionné pendant longtemps”, ajoute un responsable égyptien, cité par Le Monde.

Le hajj est l’un des cinq piliers de l’islam et tout musulman qui en a les moyens doit le faire au moins une fois dans sa vie à une période déterminée par le calendrier musulman, basé sur les cycles lunaires. Cette année, il s’est déroulé entre le 14 et le 19 juin, alors que des températures très élevées étaient enregistrées en Arabie Saoudite. Durant la seule journée du 16 juin, les autorités saoudiennes ont affirmé avoir soigné plus de 2700 pèlerins souffrant de stress thermique.

Un réchauffement rapide

Le lendemain, le thermomètre atteignait 51,8°C à la Grande Mosquée de La Mecque. A une telle chaleur, le corps humain est mis à rude épreuve, en particulier chez les personnes âgées ou fragiles. Fatigue, aggravations de pathologies cardiovasculaires, respiratoires ou rénales… Les fortes températures peuvent aller jusqu’à l’hyperthermie, une conséquence plus rare mais fatale. Des risques qui pourraient se multiplier pour les fidèles.

Avec le changement climatique, le stress thermique des pèlerins dépassera le “seuil de danger extrême” entre 2047 et 2052, “avec une fréquence et une intensité croissante à mesure que le siècle avance”, selon une étude publiée en 2019 dans la revue Geophysical Research Letters. L’Arabie saoudite se réchauffe par ailleurs “à un rythme supérieur de 50% à celui du reste de l’hémisphère nord”, d’après un rapport révélé en 2021 par l’American Meteorological Society. Combinée à une hausse de l’humidité, cette augmentation des températures représente un véritable danger pour la santé. “Si la tendance actuelle se poursuit à l’avenir, la survie de l’homme dans la région sera impossible sans un accès permanent à l’air conditionné”, concluent les chercheurs.

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