Publié le 12 juillet 2025

Une nouvelle étude pointe le manque de résilience des centres de données face aux événements météorologiques extrêmes. Des risques qui concernant aujourd’hui 22% des sites dans le monde et qui pourraient entraîner une explosion des coûts d’assurance d’ici 2050.

Nos usages numériques pourraient eux aussi pâtir du changement climatique. Derrière les services dématérialisés du cloud ou de l’IA, des centres de données bien réels vont en effet devoir s’adapter à des aléas climatiques de plus en plus fréquents et intenses, prévient une nouvelle étude. Mené par le cabinet XDI, spécialiste de l’analyse des risques climatiques, ce rapport se penche sur les impacts de huit types d’événements météorologiques extrêmes sur les infrastructures de près de 9 000 sites, existants ou en projet, dans le monde.

Et les conclusions sont alarmantes. Actuellement, 22% des data centers font face à des risques élevés ou modérés. Mais sans action majeure pour freiner le changement climatique, près de 27% d’entre eux pourraient être concernés en 2050. Les inondations, les feux de forêts et les cyclones tropicaux représentent les plus grandes menaces pour les sites d’hébergement de données notent les chercheurs, ces catastrophes pouvant endommager les infrastructures électroniques ou dégrader les systèmes de refroidissement.

Des coûts d’assurance multipliés par trois

La quasi-totalité des continents sont concernés. Entre 20% et 64% des centres de données situés dans le New Jersey (Etats-Unis), à Shanghai (Chine), Hambourg (Allemagne), Sao Paulo (Brésil) ou encore dans l’Etat de Queensland (Australie) sont exposés à “un risque élevé de dommages physiques” lié aux événements climatiques d’ici 2050. L’Asie Pacifique, où la construction de data centers explose, représente la région où les risques sont les plus critiques. Plus d’un site sur dix y est d’ores et déjà considéré comme “à haut risque”. Un chiffre qui pourrait passer à un sur huit en 25 ans.

La France n’est pas épargnée. Plusieurs régions sont répertoriées dans le rapport, dont le Grand Est, qui apparaît en 29ème position des zones dont les infrastructures sont les plus vulnérables dans le monde. “Sans investissement urgent dans la réduction des émissions et l’adaptation physique, les exploitants pourraient être confrontés à des primes d’assurance en hausse, à des perturbations croissantes de leurs opérations et à des milliards de dollars de dommages”, alerte le cabinet XDI. Si rien n’est fait, les coûts d’assurance de ces infrastructures pourraient en effet tripler, voire quadrupler, d’ici à 2050.

La réduction des émissions prioritaire

Pour éviter ce scénario catastrophe, des “adaptations structurelles ciblées” pourraient minimiser ces impacts en améliorant la résilience des centres de données et permettre “d’économiser des milliards de dollars de dommages chaque année”, estiment les auteurs du rapport. L’adaptation seule des data centers ne sera néanmoins pas suffisante. Leur environnement direct, comme les routes qui les desservent ou encore leur approvisionnement en eau – l’un des enjeux majeurs lié à ces sites – est lui aussi fragilisé par la crise climatique.

“Sans investissements ambitieux et soutenus dans la réduction des émissions afin de limiter la gravité du changement climatique, aucun renforcement structurel ne pourra protéger pleinement ces actifs essentiels”, insiste XDI.

Problème, les centres de données, dont la demande mondiale s’accélère afin de répondre au développement de l’intelligence artificielle, participent activement à l’émission de gaz à effet de serre. Dans un rapport publié en novembre 2024, le cabinet Deloitte démontrait que les besoins en électricité des data centers pourraient être multipliés par trois durant la prochaine décennie. Selon les calculs de L’Agence internationale de l’énergie (AIE), le secteur pourrait ainsi être à l’origine d’une hausse de 67% des émissions liées à la consommation électrique, d’ici 2035.

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