McDonald’s bouleversé par une baisse de la production d’œufs
Les Australiens vont devoir se lever plus tôt pour profiter de leur petit-déjeuner. Il y a quelques jours, McDonald’s annonçait devoir modifier ses horaires de service sur l’île-continent suite à une rupture d’approvisionnement en œufs. Jusqu’à nouvel ordre, le service des McMuffin, et autres plats contenant des œufs, s’arrêtera tous les jours à 10h30 au lieu de midi. “Comme de nombreux détaillants, nous gérons attentivement l’approvisionnement en œufs en raison des défis actuels de l’industrie”, indique le géant de la restauration rapide dans un communiqué auprès de la BBC.
L’Australie fait en effet face à une flambée des cas de grippe aviaire au sein de ses élevages. Onze fermes situées dans le sud-est du pays ont été contaminées par la souche H7 de la maladie, entrainant l’abattage de 800 000 poules dans le seul Etat de Victoria. Résultat, des pénuries d’œufs affectent depuis juin dernier l’approvisionnement de restaurateurs et de distributeurs dans l’ensemble du pays. Plusieurs supermarchés ont ainsi été contraints d’instaurer des restrictions temporaires, limitant l’achat d’œufs à deux boites par client.
Des oiseaux aux vaches, la grippe aviaire s’étend
Aux Etats-Unis, la crise sanitaire animale s’étend aux élevages bovins. Depuis fin mars, la souche H5 de la grippe aviaire a été détectée chez des vaches laitières dans douze Etats, dont le Colorado, le Michigan et le Nouveau-Mexique. Au total, 145 cas ont été recensés par le ministère américain de l’Agriculture. Les animaux infectés présentent pour certains des symptômes pouvant mener au décès. Le virus a par ailleurs été décelé dans des échantillons de lait cru. Ces traces seraient cependant détruites par le processus de pasteurisation rassure la FDA, l’organisme de surveillance de l’alimentation et des médicaments, à l’origine des analyses.
La contagion des bovins inquiète néanmoins les scientifiques. Les vaches représentent en effet des hôtes intermédiaires, favorisant la transmission de la grippe aviaire aux êtres humains. La responsabilité de leur mode d’élevage intensif est également pointée du doigt. “Les élevages industriels nécessitent beaucoup de main-d’œuvre et les personnes qui y travaillent sont en contact prolongé avec les animaux. Donc la probabilité d’adaptation à l’homme est augmentée”, explique dans une interview à Science et Vie, Benjamin Roche, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement.
Pour la première fois, un homme succombe au virus
Toujours aux Etats-Unis, quatre personnes travaillant au sein d’exploitations laitières ont été testées positives au virus H5. Le dernier cas en date a été identifié dans le Colorado, l’un des Etats les plus touchés par l’épidémie en cours dans le pays. Présentant principalement des symptômes oculaires, le patient s’est complètement rétabli après avoir été pris en charge médicalement. Un risque néanmoins pris au sérieux par les autorités qui recommandent désormais le port d’équipement de protection aux travailleurs particulièrement exposés.
Quelques semaines auparavant, une variation de cette souche, nommée H5N2, avait entraîné pour la première fois la mort d’un homme au Mexique. La victime présentant plusieurs pathologies, le décès a été qualifié de “multifactoriel” par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’origine de la contamination n’a pour l’heure pas été révélée. Si les cas de grippe aviaire chez l’Homme sont encore rares et que les transmissions interhumaines restent inexistantes, la situation fait l’objet d’une importante surveillance des autorités sanitaires.
Le secteur pharmaceutique se positionne sur un vaccin
Le 11 juin dernier, quinze Etats membres de l’Union européenne, dont la France, ont annoncé avoir commandé, auprès du laboratoire australien CSL Seqirus, 665 000 doses de vaccin permettant de prévenir la grippe aviaire chez l’Homme. 40 millions de doses pourraient suivre durant les quatre prochaines années en fonction des besoins. La Finlande sera le premier pays à être approvisionné.
En parallèle, des essais sont menés par le laboratoire britannique GSK et le Français Sanofi. Moderna travaille de son côté sur un vaccin à ARN messager. La société de biotechnologies a reçu le soutien financier du ministère américain de la Santé et du bureau du département de la Santé, qui lui ont versé 176 millions de dollars pour assurer les dernières phases d’essai nécessaires à sa commercialisation. “Si demain la prévention de la grippe aviaire devenait une urgence, (…) nous serions capables de fournir un vaccin à grande échelle, de l’ordre de 600 millions de doses, à l’automne”, assure auprès des Echos Stéphane Bancel, directeur général du laboratoire.