Publié le 15 août 2025

Après dix jours de négociations intenses, la conférence de Genève sur le traité mondial contre la pollution plastique s’est soldée par un échec. Les divisions entre pays producteurs de pétrole et partisans d’un texte ambitieux ont eu raison de ce sommet présenté comme “la dernière chance”.

C’était déjà le traité de la deuxième chance et il a abouti sur un échec. Ce vendredi 15 août, dix jours après l’ouverture des pourparlers sur l’élaboration d’un traité mondial contre la pollution plastique à Genève, la déception est profonde pour celles et ceux qui ont bataillé pour obtenir un texte de “haute ambition” et juridiquement contraignant.

“Je suis déçue et en colère”, a réagi Agnès Pannier Runacher, ministre française de la Transition écologique, “Je suis déçue car une poignée de pays, guidés par des intérêts financiers de court terme et non par la santé de leurs populations et la durabilité de leur économie, ont bloqué l’adoption d’un traité ambitieux contre la pollution plastique”.

Le blocage des pays pétroliers

Deux groupes de pays ont tenté d’infléchir les négociations en leur sens. D’un côté les “like minded”, les pays producteurs de pétrole qui sont alignés et refusent toute contrainte sur la production d’hydrocarbures à la base de l’industrie plastique et toute interdiction de molécules ou additifs dangereux. De l’autre la Coalition de la haute ambition qui appelle à une réduction de la production de plastique. C’est dans ce groupe que la France se positionne.

En 24h, le président des négociations, l’Equatorien Luis Vayas Valdivieso a présenté deux versions différentes d’une proposition de compromis. Le premier, jugé trop favorable aux pays pétroliers, a été écarté. Le second, plus aligné avec les objectifs des pays ambitieux, contenait encore trop de failles pour qu’un consensus se dégage.

“L’incapacité à parvenir à un accord à Genève doit être un signal d’alarme pour le monde entier : mettre fin à la pollution plastique signifie s’attaquer de front aux intérêts des énergies fossiles”, a dénoncé Joëlle Hérin, experte consommation et économie circulaire chez Greenpeace Suisse.

Une troisième session en vue ?

Cet échec n’est pas totalement surprenant. L’année dernière déjà, la session INC-5 à Busan avait échoué, les 175 États présents n’ayant pas réussi à respecter les délais fixés par l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement. Les négociations à Genève, baptisées INC-5.2 faisaient figure de session de rattrapage. Y’aura-t-il un INC-5.3 ? Pour l’instant les observateurs restent prudents. Une nouvelle négociation sur la base du texte agréé à Busan pourrait se tenir, si un pays propose de l’organiser.

Le sujet est d’autant plus important que la planète a produit plus de plastique depuis 2000 que durant les 50 années précédentes, en majorité des produits à usage unique et des emballages. Et la tendance s’accélère : si rien n’est fait, la production actuelle, de quelque 450 millions de tonnes par an, devrait tripler d’ici 2060, selon les prévisions de l’OCDE. Moins de 10% est recyclé.

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