Coca-Cola, sponsor des futurs JO de Paris 2024, conserve sa médaille d’or de la pollution plastique au niveau mondial. C’est ce que révèle un nouveau rapport publié par la coalition Break Free From Plastic, qui rassemble des organisations engagées dans la lutte contre la pollution plastique, dont les associations françaises Zero Waste France, No Plastic in My Sea, ou la Surfrider Foundation.
Près de 9 000 bénévoles ont organisé des collectes dans une quarantaine de pays pour identifier les marques les plus représentées parmi les déchets récoltés. Outre le géant Coca-Cola, on retrouve les grandes marques de produits de consommation comme Nestlé, Danone, Mars et les producteurs de cigarettes.
Pollution plastique : boissons, cigarettes et snacking en tête
Au niveau mondial, les trois entreprises les plus régulièrement pointées du doigt sont Coca-Cola, Nestlé, et Unilever, dont les déchets sont retrouvés dans pratiquement tous les pays. Pepsico arrive à la 4ème position, n’étant retrouvé “que” dans 30 pays sur 41, mais il arrive en tête du plus gros volume de déchets collectés globalement. Muriel Papin, déléguée générale de No Plastic in My Sea, et membre de Break Free from Plastics n’est pas surprise par ces résultats. “C’est la sixième édition, et on voit bien que les grandes entreprises mondialisées qui occupent ce classement sont toujours les mêmes, des multinationales des boissons et de l’agro-alimentaire notamment”.
En France, les 14 ramassages effectués dans le pays, notamment en bord de mer, bord de rivière et dans certains milieux urbains, ont permis d’identifier les marques du groupe Alma (Cristalline, St-Yorre) parmi les plus représentées dans les déchets collectés. Contactée par Novethic, l’entreprise n’a pas non plus réagi. Pour Muriel Papin, retrouver Alma dans ce classement est logique : “le groupe propose de l’eau à bas coût, avec un marketing très agressif pour vendre plus. Or plus les volumes vendus sont importants, plus les déchets augmentent.” Derrière l’eau en bouteille, les mégots de cigarettes arrivent en deuxième position, suivis des déchets des grandes marques de l’agro-alimentaire : Ferrero, Danone, Haribo…
Renforcer la régulation
Face à ce constat, le mouvement Break Free From Plastic invite à renforcer la régulation autour des plastiques. Il appelle notamment à appliquer en France la loi AGEC contre le gaspillage, et à agir pour accélérer la réduction de la mise sur le marché de bouteilles plastiques (pour atteindre -50% d’ici 2030), et la réduction des mégots jetés à terre. Lors de son discours de politique générale, Gabriel Attal précisait à ce sujet vouloir engager avec les 50 industriels produisant le plus de plastiques un travail sur la réducton de l’usage du plastique, l’éco-conception et l’économie circulaire. “On attend de voir comment ce sera mis en place, mais il faudra des mesures ambitieuses pour réduire les petits emballages plastiques, peut-être taxer davantage l’usage unique, favoriser le réemploi, notamment pour la restauration à emporter…”, commente Muriel Papin.
Ces données rappellent également que les engagements pris par les marques de grande consommation sont encore largement inefficaces et insuffisants pour lutter vraiment contre la production plastique. Coca-Cola, comme d’autres grands producteurs de plastiques, s’était ainsi engagé à réduire l’usage de plastique vierge, et à recycler, réutiliser ou composter 100% de son plastique d’ici 2025. Loin d’atteindre ces objectifs, les grands producteurs ont au contraire augmenté leur consommation de plastique vierge… Et donc leur production de déchets. Sollicité par Novethic, Coca-Cola assure pourtant toujours vouloir “contribuer à la création d’une économie circulaire d’ici à 2030” mais admet qu’il leur “reste encore beaucoup à faire“.
Ce rapport rappelle également l’importance de renforcer la transparence des acteurs du secteur sur leur usage du plastique (volumes, types de plastiques, produits chimiques utilisés…). Face à l’invasion du plastique dans la nature, les associations souhaiteraient aussi voir se développer les solutions alternatives, comme le réemploi et la réutilisation des emballages. Des modèles alternatifs qui peinent aujourd’hui à s’imposer : le projet de règlement européen sur les emballages avait ainsi limité les ambitions des 27 en matière de réemploi en novembre dernier, face à la pression des acteurs du secteur…