Publié le 19 février 2024

Second week-end d’extrême tension dans les bois du Tarn où les forces de l’ordre tentent de déloger par tous moyens les “écureuils”, ces manifestants qui campent dans les arbres pour éviter qu’ils ne soient coupés. Le rapporteur des Nations Unies en charge des défenseurs de l’environnement s’alarme de la situation et appelle au retour “de la démocratie environnementale”.

Nouvelle escalade dans le bras de fer entre le ministre de l’intérieur et les militants écologistes qui s’opposent au chantier de l’A69 entre Castres et Toulouse. Les affrontements de dimanche 18 février entre les manifestants rassemblés à Saix dans le Tarn ont entrainé six interpellations, l’évacuation d’un manifestant et trois blessés parmi les forces de l’ordre selon la préfecture qui avait interdit toute “manifestation”,  “attroupement” ou “rassemblement revendicatif” dans la zone.

Trois jours auparavant, six organisations dont la Voie est Libre et la Ligue des Droits de l’Homme ont porté plainte pour mise en danger de la vie d’autrui contre les forces de l’ordre. Elles leur reprochent d’avoir incendié par des moyens divers dont le déversement d’essence les zones près des arbres où sont installés les manifestants qui protestent contre le projet.

Leur ZAD (Zone d’intérêt à défendre) est installée sur un terrain privé qui n’est pas encore exproprié. Mais Gerald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, a réaffirmé “qu’aucune ZAD ne serait tolérée en France”.

Dimanche plusieurs centaines de personnes ont tenté de s’approcher des lieux pour alimenter en eau et en nourriture les “écureuils” installés dans les arbres, à l’appel des Soulèvements de la terre et de l’association la Voie est libre. Elles ont été bloquées par des blindés et des gaz lacrymogènes et les affrontements ont duré toute l’après-midi.

Conflits d’intérêt

La situation reste explosive dans cette région pourtant éloignée des médias nationaux où le bras de fer entre les défenseurs de la biodiversité et ceux du modèle autoroutier ne cessent de monter en puissance. Dernier épisode : la commission d’enquête parlementaire sur les éventuels conflits d’intérêts qui entoure ce projet de chantier de 53 kilomètres d’autoroute dans la région Occitanie a été lancée le 15 février ! Coup de théâtre, elle est présidée par le plus fervent défenseur du projet, le député du Tarn Renaissance Jean Terlier. Il est lui-même accusé de conflit d’intérêts puisque sa femme est une cadre du groupe Pierre Fabre mis en cause pour son soutien au projet mais son rôle de président l’empêcherait d’être auditionné. Les mois de guérilla et d’affrontement préoccupent de nombreux observateurs dont le rapporteur spécial des Nations Unies en charge des défenseurs de l’environnement.

Il s’inquiète des méthodes employées face à des militants pacifistes, une version contestée par le Ministre de l’intérieur qui estime que “les forces de l’ordre font face à une grande violence”.

Le chantier de l’A69 symbolise dorénavant les clivages politiques profonds autour du respect de l’environnement et de la préservation de la biodiversité. En faire une priorité pourrait changer la donne sur des projets conçus à une autre époque comme celui de l’A 69 mais l’exacerbation des tensions sur place paralyse l’exercice de la démocratie environnementale.

Découvrir gratuitement l'univers Novethic
  • 2 newsletters hebdomadaires
  • Alertes quotidiennes
  • Etudes