Publié le 30 novembre 2024

La date n’a pas été choisie au hasard. A la veille du Black Friday, le ministère de la Transition écologique a dévoilé la dernière étape de son projet d’Eco-score, visant à noter les vêtements en fonction de leurs impacts environnementaux. Prise en compte des volumes de production, de la toxicité, du rejet des microplastiques… les critères sont plus ambitieux que ceux promus par l’Union européenne.

C’est à la veille du Black Friday, cet évènement symbole de la surconsommation, que la ministre Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a lancé la dernière étape de validation d’un Eco-score environnemental pour les textiles. Ce dernier prévoit un affichage à points pour aider le consommateur à choisir des vêtements ou accessoires plus vertueux. De zéro à l’infini, plus le nombre de points augmente, plus les impacts environnementaux sont importants. Les marques pourront le mentionner directement sur une étiquette du produit ou via un QR code, ou encore de manière dématérialisée sur leur site internet.

L’idée est de “donner au consommateur les armes pour choisir” mais aussi de bloquer les marques qui auraient des “envies de greenwashing” tout en valorisant “celles qui se sont engagées dans la mode durable”, a explicité la ministre lors d’un évènement auquel a assisté l’AFP.

Pas d’obligation

Cet affichage n’est pas encore en vigueur. Après la phase de consultation du public (du 28 novembre au 19 décembre), il doit encore être examiné par la Commission européenne, avant qu’un arrêté et un décret ne soient publiés au Journal officiel “vers le printemps 2025” pour en fixer les modalités, a détaillé le cabinet de la ministre mercredi 27 novembre. Il n’est pas contraignant pour les marques, et aucun caractère obligatoire n’est “pour l’instant” à l’ordre du jour bien qu’une telle obligation soit inscrite dans la loi Climat et Résilience, a reconnu le cabinet de la ministre.

La méthode de calcul de cet impact s’aligne sur celle du PEF (Environmental Footprint Methods), recommandé par l’Union européenne (mais non obligatoire), qui comprend 16 critères dont les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d’eau ou la toxicité. La méthode française y ajoute trois critères supplémentaires : les possibilités de recyclage, le relargage de fibres microplastiques (ce qui est rejeté lors du lavage) et un “coefficient de fast fashion” qui prend notamment en compte les volumes de production.

Des critères plus ambitieux en France

“On bataille depuis 2 ans pour que ces stratégies qui nous poussent à la surconsommation soient prises en compte dans le calcul de l’impact environnemental des vêtements”, se réjouit la coordinatrice plaidoyer de l’association En Mode Climat, Flore Berlingen, sur LinkedIn, “Parce que l’écoconception ne sert à rien si les marques font tout pour créer des besoins artificiels, par exemple en mettant en ligne des milliers de nouvelles références chaque jour.”

La ministre a appelé à la sobriété face à “l’incitation à la consommation continue” des géants du e-commerce, qui ont un “renouvellement de gammes extrêmement rapide” et “des prix défiant toute concurrence”. Elle a rappelé qu’il y a cinq ans, les volumes des colis envoyés par Shein et Temu représentaient moins de 5% des colis de La Poste contre désormais 22% et que les Français avaient augmenté de 40% le nombre de pièces dans leur garde-robe ces quinze dernières années. Cet Eco-score pourrait justement servir de base à la loi anti fast-fashion qui avait été adoptée à l’Assemblée en mars dernier. Cette dernière s’appuie sur un ensemble de mesures dont la mise en place d’un bonus-malus s’appuyant sur l’Eco-score ou encore l’interdiction de publicités. “On attend avec impatience la discussion au Sénat”, conclut Flore Berlingen.

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